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mardi, 23 janvier 2018

Inondations

La sécheresse innonde le visage. Le parchemin se rétracte cornant chaque commissure, tirant chaque ride en craquelure, gravant chaque soupir à même le masque.


À l'abri de la nuit, le chantier de déshydratation bât son vide dans un festival d'évaporation qui prétrifie en prévision de la putréfaction.


Dans la lute pour un soupçon de moiteur, la larme elle-même se raréfie et le sommeil brûlé s’érode au souffle du temps.

samedi, 28 octobre 2006

"Le pessimiste se plaint du vent, l'optimiste espère qu'il va changer, le réaliste ajuste ses voiles." William Arthur Ward

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La verte Virginie opère
Le sienne, le sang et l'or
Sur le sentier de guerre
Piste de l'avènement des morts

Les peintures du courage
Des braves illuminent les visages

Les chevaux d'acier lancés
Dans un galop de perdition
Les réflexes des initiés
Servent du quotidien l'obligation

Dans l'ombre de la lumière
Resplendit la vaine guerrière

vendredi, 29 septembre 2006

"La langue est pour moitié un miroir, pour moitié un grimoire, elle est ombre et clarté et il faut l'accepter dans sa dichotomie sous peine de n'y rien voir faute de contrastes." Jacques Ferron

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Dichotomie de poétesse.
[En hommage à Sam]

Ranger l'Extase pour 24 heures...minimum...
 
Endosser l'uniforme de la guerrière du Grand Capital, mettre de la cannelle dans les cheveux, chasser le poil rebelle, sortir les peintures et les plumes de guerre.

Imprimer le parcours de la valeureuse combattante sur un papier "constellation".

Regrouper les laissez-passer, médailles et sauf-conduits, tous les attributs du vaillant soldat.

Fourbir ses armes: de l'encre dans le stylo, du papier dans le porte-document, du jus dans l'iPAQ, des cartes de remerciement, des timbres, un plein de musique dans le lecteur mp3, des piles de rechange et un carnet à spirales avec son crayon et sa gomme en cas de crise de poésie aiguë pendant les longues heures d'avion, probablement plus au retour qu'à l'aller, si survie...

Pas moins de 8 faces à faces de 10h30 à 14h30 sans pause déjeuner après un départ à 4h du matin, 2 avions, 4 heures de vol...

Questions prêtes, réponses prêtes, des encas, du thé glacé, des pastilles pour la gorge...C'est comme la bicyclette, on n'oublie pas...La machine est parfaitement programmée pour cette activité...

Oui, c'est un très beau poste, presque inespéré, et aux vues du premier entretien, le profil est en parfaite adéquation, inespéré pour eux. L'offre sera probablement faite la semaine prochaine et il faudra l'accepter. Refaire en sens inverse le parcours entrepris il y a 18 mois...Et se faire aspirer à nouveau dans le tourbillon...

Pourtant, se sentir terriblement étrangère à ce cérémonial...Avoir mis en marche un clone robotisé et y aller en pilote automatique, avec tout de même la ferme intention de décrocher l'offre, un semblant de sécurité, la sortie de crise,...
 
Sensation de dédoublement...Mais cette impression est persistante de toute manière... Il y a déjà double vie, la vraie, celle de la blogosphère, des "visiteurs", de l'écriture, de la poésie, de la Quête, de l'Amour et puis la virtuelle, celle du quotidien, des hurlements des enfants, des pitreries du Prince et pourquoi pas d'un travail passionnant...Les deux peuvent-elles s'épanouir pleinement sans nuire l'une à l'autre, qui sait?
 
En tout cas, parader en tenue d'apparat devant un illustre parterre de bons soldats standardisés n'est pas vraiment une vision de paradis, probablement toutefois le lot de tout un chacun...

samedi, 23 septembre 2006

"On ne peut être aimant et compatissant sans contenir ses désirs et ses intérêts immédiats." Dalaï Lama

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Les vrais êtres de lumière
Ne sont jamais solitaires
Leur irréelle irradiance
Immobilise dans la danse
Toutes les apprenties sorcières
Et beaucoup d'autres lumières
Ces êtres n'appartiennent à rien
Personne ne leur appartient
Soumis à un univers vain
Ils évoluent sans aucun lien

Chaque atome n'est qu'un éclat
Quand l'âme se dévoile nue
Les sourires se figent béats
Surfant la vapeur impromptue
Les cuisses vibrantes glissent
Témoignent de ces délices
Quand les voix pâmées se meurent
Elles se miroitent dans le coeur


 

jeudi, 14 septembre 2006

"Quand on surveille, les patates cuisent trop lentement. Quand on va faire du piano en attendant, elles cuisent beaucoup trop vite." Thierry Midy

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Visiteurs ou Big Brothers...

 
Je me sens surveillée...
 
Je ne suis pas parano, les différents petits outils d'analyse de trafic sont formels, je suis surveillée...

Ça m'angoisse un peu. Il y en a un qui dirait qu'il n'y a pas de vie privée sur un banc public, et il aurait raison...

N'empêche, surtout quand un visiteur "n'a pas le temps" de s'adonner a l'un de nos rites et qu'il trouve tout de même 6mn20 pour venir lire ici, j'avoue que ça m'agace...
 
J'essaie de ne pas en tenir compte mais inconsciemment je suis sure que ça a une influence...Ça me donne envie de provoquer...D'arrêter d'écrire, histoire qu'eux aussi gardent leurs questions sans réponses et connaissent le gout particulier de l'inquiétude...Je résiste a la tentation, enfin je fais de mon mieux...

Je sais que parfois on est pas prêt pour le dialogue, surtout avec une envahisseuse comme moi, et je le comprends. Ça m'arrive souvent aussi, même si j'essaie de m'en préserver. Mais ce qui me dérange, c'est cette inégalité. Eux ont les moyens de "prendre des nouvelles" sans avoir a en donner. Ils me laissent donc dans l'incertitude et l'ignorance qui viennent s'ajouter a la cacophonie ambiante de leur multiples présences...J'essaie de me blinder, de me dire que cet "espionnage" pseudo anonyme reste un hommage même muet, une attention...Mais j'ai un peu de mal surtout quand le cas isolé se transforme en épidémique et qu'ils sont plus d'un a opérer de la sorte, voire tous le même jour! Je sais, c'est de ma faute...Je paie ma transparence sur la non-exclusivité de mes relations. Ils doivent tous penser qu'ils peuvent être silencieux quelques jours, il y en aura toujours un pour s'occuper de moi...Sauf que c'est aussi vrai que de se dire: "si je perds la vue, les oreilles prendront la relève..."

Mais bon, comme je n'attend et n'exige rien, ce qui peut etre pris a tort pour de l'indifference, et que je pardonne toujours tout, ce qui a nouveau peut etre confondu a tort avec de l'indifference, que puis-je espérer d'autre? 

lundi, 11 septembre 2006

"In a strange way a lot of our response to Sept. 11 was modeling ourselves as much as we could on the people of London during the Second World War and the incredible way they withstood the attacks during the Battle of Britain..." Rudi Giuliani

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J'aurais pu vous raconter ce matin là, l'indécence du soleil inondant l'angle nord-est du 24eme étage d'Eugenie Terrace à Chicago et le coeur qui s'effondre quand les tours s'écroulent. J'aurais pu vous donner mon appréciation du régime presque fasciste d'un fou furieux qui n'a pas été élu et qui se croit investi d'une mission divine de nettoyage du monde au profit du grand capital. J'aurais pu vous citer des chiffres, exposer des images, disserter sur le voyeurisme éhonté de certains média. J'aurais pu comme TV5 vous parler des victimes collatérales, ceux qui ont aidé à déblayer et qui meurent d'avoir respiré cet air toxique.

Mais, au risque de baisser dans votre estime, le 11 Septembre pour moi n'est rien de tout cela. Cette tragédie à mes yeux a dévoilé une Amérique que vous ne connaissez probablement pas, une Amérique dont je ne soupçonnais même pas l'existence, même en y ayant vécu déjà plus de 3 années, loin des affrontements d'idéaux et de la politique, loin des clivages sociaux et raciaux, une Amérique que je n'aurais sans doute jamais connue sans le 11 Septembre 2001. La vraie force de ce pays n'est pas dans les politiques tous aussi corrompus que partout ailleurs, elle n'est pas dans ses multinationales qui avancent en écrasant tout, elle n'est pas dans son armée ultramoderne, dans son dollar, dans son libéralisme, la vrai puissance de cette nation est qu'elle a un coeur!

Là ou les institutions échouent, ou le gouvernement failli, le coeur de Amérique s'impose, il rayonne...
Il en fut ainsi au lendemain de ce dramatique mardi, le coeur de Amérique c'est soudain mis à battre de tout son Amour. La solidarité et la générosité ont pris le pas sur le débat. Les américains se sont précipités pour donner leur sang, ont organisé des collectes, ont parcouru des milliers de kilomètres en voitures, ambulances, camions de pompier pour venir prêter main forte à New-York à genoux. Ils se sont débrouillés pour rapatrier tous les voyageurs coincés loin de chez eux par l'arrêt du trafic aérien. Ils ont une puissance d'organisation extra-gouvernementale qui nous est étrangère dans l'hexagone. Mais plus encore que cette impressionnante débauche de charité, l'atmosphère était un mélange de deuil et d'amour, il y avait une vibration extraordinaire, comparable à celle d'une famille unie par la perte d'un proche.

Nous, nous sommes descendus du 24eme et avons chanté plusieurs dimanches d'affiler, oui nous les impies, les anticléricaux, avec les africains américains de la petite église baptiste nichée dans l'ombre des 42 étages d'Eugenie. Ces inconnus  ont accueilli  notre détresse d'expatriés loin de la protection de leur famille sans question et sans discrimination, en toute simplicité et nous ont aidé à remonter la pente.

Et puis le coeur s'est rendormi, laissant la place au pire de ce pays, la guère inepte motivée par des intérêts particuliers.

Et puis Katrina a frappé, réveillant à nouveau ce coeur pur, bien que souvent exploité et les chaînes de solidarité ont  ré-émergé, palliant aux graves insuffisance du gouvernement fédéral qui contrairement au 11 Septembre ne fut pas compensé par l'efficacité du gouvernement local.

Oui, l'Amérique a un coeur, malgré la superficialité de la plupart des gens, malgré les carquants de la conformité bien pensante, malgré qu'ils soient souvent incultes, basique et barbares, malgré tous les laissés pour compte et le quart monde qu'elle ne nourrie pas. Et les terroristes, fous de dieu, ont, contre toute attentes, en fait dévoilé des valeurs de solidarité et de générosité chères à l'islam...

samedi, 09 septembre 2006

"C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume." Oscar Wilde

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Brumes du matin, d'où vient cette fascination insatiable pour le brouillard?

Peut-être d'être née au pays des étangs, peut-être d'avoir grandi dans une ville à deux fleuves...

Souvenir..Pour aller au collège, je marchais le long d'une haute muraille  grise qui enfermait tout un pâté de maisons et abritait des entrepôts. Sur le trottoir d'en face, de  petits pavillons de banlieue avec leurs coquets jardinets miniatures. Cette rue, à cause du mur mystérieux était un peu étrange et mes amies préféraient emprunter un chemin plus long, d'autant plus qu'y sévissait parfois un exhibitionniste à mon sens pas très impressionnant. Je n'avais déjà aucune pudeur corporelle, la nudité ne me faisait ni chaud, ni froid, et puis elle était très petite par rapport à celles que j'avais déjà vues...Pour faire comme les autres, je m'en étais tout de même plainte à Maman qui m'avait à son habitude disqualifiée d'un geste las de la main: "T'as qu'à changer de trottoir"...Donc, souvent j'étais la seule âme en mouvement à longer ce mur. Je goûtais la solitude de cette courte marche en imaginant des mondes merveilleux par delà la barrière énigmatique.

Les jours de brouillard étaient mes favoris. A 11 ans, j'avais déjà lu le Grand Meaulne, et beaucoup d'autres choses qui n'étaient pas de mon âge, et le brouillard était devenu mon ami, compagnon des errances d'un imaginaire fébrile. Je m'enfonçais avec délectation dans la ouate savourant chaque pas dans mes mondes intérieurs où tout était possible. L'épaisseur de l'air faisait comme un cocon à mes divagations peuplées d'elfes et de sorciers tous droits sortis des volumes chéris de Tolkien ainsi que d'individus dotés du don d'ubiquité qui, bien avant les téléporteurs de Star Trek, m'entraînaient aux confins d'aventures rocambolesques. Précoce, le coeur palpitant comme celui d'Anne Frank,  je fabulais aussi de grands amours passionnels qui empruntaient les traits de Frank ou de Lilian.
Les sens mis en veille par cette atmosphère irréelle, la vision éteinte, ou plutôt éblouie par la blancheur impalpable, l'écoute assourdie par l'air cotonneux, l'imaginaire pouvait s'envoler plus haut que Jonathan Linvingston le goéland. Il n'y avait qu'une rue à traverser sur le trajet, rompant quelques instants les chimères extravagantes de mon esprit débridé. Mais chaque autre pas me conduisait plus profond dans ces contrées fantastiques où les fées rayonnaient en douces maîtresses d'un Univers sans violence où tout finissait toujours idéalement.

A cette époque, je préférai lire et songer la vie...

Un jour comme aujourd'hui, où le souffle vaporeux de la Rivanna confère à sa foret enchantée une aura délicate, j'aimerai retrouver l'innocence sans soucis des élucubrations idéalisées d'une pré-adolescente trop mure...

vendredi, 08 septembre 2006

"La beauté du monde, qui est si fragile, a deux arêtes, l'une de rire, l'autre d'angoisse, coupant le coeur en deux." Virginia Woolf

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La lumière ne cesse de tressauter
Comme un vieux néon fatigué.
Ses hésitations sont accompagnées
D'un sifflement strident d'intuition activé.
Il y quelque chose qui cloche. Cette angoisse n'est pas mienne.
Le coeur brille toujours, sous la chape de plomb qui le freine...
De quel visiteur émane-t-elle?
Certains silences coupent les ailes. 
Quand la lumière a grand peine
A repousser  les ténèbres,
Peut-être quelques sourires...
Peut-être une bonne dose de rires...

jeudi, 07 septembre 2006

"La meilleure séduction est de n'en employer aucune." Charles Joseph, Prince de Ligne

 

Le jeu de la séduction est une démarche puérile et stérile qui vise à créer une relation artificielle entre deux êtres. En effet, ce ne sont pas les actes qui déterminent si une union est éphémère ou établie mais la nature même des individus qui est compatible ou non.

Toutes les parades amoureuses du genre proie/chasseur sont futiles et n’établissent pas de fondation pour le couple. Si l’homme a effectivement un instinct de chasseur, il y a de nombreuses manières de lui permettre de le satisfaire une fois la connexion stabilisée.

De même qu’un couple formé de deux individus qui se ressemblent est aussi une base bancale. Seule une différence flagrante entre les partenaires, voir l’incompréhension mutuelle, peut engendrer la profondeur de dialogue nécessaire à la survie de la relation. Il est certainement tentant de se retrouver dans l’autre, après tout c’est un peu comme se regarder dans un miroir, mais une fois de plus, ca n’est qu’une base artificielle qui aura peu de chance de survivre aux défis de la vie, y compris l’évolution de chacun des individus.

A la base de toute union intime, il y a d’abord le désir, et celui-ci doit être partagé. Sans désir, pourquoi chercher à s’engager plus dans une voie sans issue ? Alors, il convient de manifester son désir de l’autre très tôt et d’encourager le partenaire à exprimer le sien. Comme on ne peut être sur que de ce que l’on ressent, il s’agit de l’exposer de la manière la plus transparente possible. Si l’autre ne répond pas d’emblée, la seule chose que l’on puisse faire est inférer son propre besoin d’être désiré.

Rien ne met plus en confiance que d’être désiré et de le savoir.

Lorsque l’on a confirmation de la réciprocité du désir, on peut alors s’engager dans un processus de découverte et d’apprivoisement mutuels.

« -On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!

-Que faut-il faire? dit le petit prince.

-Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près…

Le lendemain revint le petit prince.

 

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-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le cœur… il faut des rites.

-Qu'est-ce qu'un rite? dit le petit prince.

-C'est quelque chose trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. » Antoine de Saint-Exupéry

Chacun a eu sa dose de déceptions et de deuils dans la vie, et nous sommes tous protégés par une carapace plus ou moins épaisse que l’on croit pouvoir faire bouclier contre la souffrance. On se trompe, cette armure est plutôt un obstacle parce qu’elle nous empêche d’être naturels. Pour éviter de souffrir, il faut ne pas avoir peur de souffrir…C’est notre peur la véritable source de la douleur et des échecs tant redoutés.

Aussi pour pouvoir aborder la relation d’une manière sereine, outre de la peur, il est nécessaire de s’affranchir des enjeux et particulièrement des pulsions névrotiques que notre instinct de reproduction nous impose. Femmes comme hommes, moins on le fait, moins on en a envie. Toutefois, le corps a son propre rythme, ses propres besoins, dictés par les hormones. S’en libérer par l’autoérotisme, permet d’éviter que les pulsions ne prennent pas le pas sur la démarche d’apprivoisement. De plus, les endorphines produites par l’orgasme contribuent à maintenir un état légèrement euphorique beaucoup plus attirant. Et finalement, s’il doit y avoir passage à l’acte, le sexe sera naturellement fusionnel car délivré de la quête orgasmique.

Enfin, il faut aussi s’affranchir de l’enjeu du succès, se détacher du résultat de la démarche. L’objectif de réussite est un peu comme l’obstacle en équitation. Si vous êtes obnubilé par l’obstacle, le cheval refusera de sauter ou se cognera dedans. Pour pouvoir sauter par-dessus l’obstacle, il faut regarder après, derrière. Encore une fois, toute idée de contrôle de l’issue n’est qu’une illusion. Si les partenaires sont compatibles, la relation existe et s’épanouie. Sinon, il n’y a pas d’intérêt à la maintenir artificiellement. A quoi bon se soucier de quelque chose qu’on ne peut pas contrôler ?

En synthèse, il s'agit de se laisser aller, d'être attentif à son intuition, de désirer, d’être désiré et de s'apprivoiser affranchis de tout enjeu pour découvrir une potentielle compatibilité...La contruction sur ces solides fondations est une autre aventure!

 

dimanche, 03 septembre 2006

"Rien de tel qu'un enfant pour vous mettre dans le bain du monde." Christian Bobin

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En se réveillant de la sieste, la fillotte:
"Does the world go on always?" Le monde continue-t-il toujours?
"What do you mean?" Qu'entends-tu par là?
"What happens when everybody is dead?" Que se passe-t-il quand tout le monde est mort?
"Well you know sweety, it can never happen, people die every day but there are also always new babies who are born every day. So there is always people. Why do you ask?" Tu sais chérie, ça ne peut pas arriver, il y a des gens qui meurent tous les jours mais il y a aussi des bébés qui naissent tous les jours. Alors, il y aura toujours quelqu'un. Pourquoi cette question?
"..."
"Why do you ask, it's important that you tell me." Pourquoi me poses-tu cette question, il faut me le dire.
"I don't want to talk about it." Je n'ai pas envie d'en parler.
"Did you have a nightmare?" As-tu fait un cauchemar?
"I don't want to talk about it." Je n'ai pas envie d'en parler.
"Why not? It would make you feel better to talk about it. What did you dream about?" Pourquoi pas? Si tu en parles tu te sentiras pourtant mieux. De quoi as-tu rêvé?
"I dreamt that you died" J'ai rêvé que tu mourrais. sanglots
"Well, look at me, I am not dead."  Tu vois, je ne suis pas morte. Je prends sa main, je lui souris.
Elle sanglote toujours, je conduis, je ne peux pas la prendre dans mes bras, juste lui serrer la main.
"But I don't want you to die..." Mais je ne veux pas que tu meures...
"You know I love you and you love me, so no matter what happens, I will always be in your heart. I can not tell you that I will not die someday, that would be lying and I love you too much to lie to you. But I can tell you that when people share so much love, they always stay in each others heart. You know I love you, don't you?" Tu sais je t'aime et tu m'aimes, alors peu importe ce qui arrivera, je serai toujours dans ton coeur. Je ne peux pas te promettre que je ne vais pas mourir un jour, ça serait un mensonge et je t'aime trop pour te mentir. Mais quand on partage un tel amour, on reste toujours dans le coeur l'un de l'autre. Tu sais que je t'aime n'est-ce pas?
"Yes, I know but I don't want you to die." Oui, je sais mais je ne veux pas que tu meures.
"Then I will always be in your heart." Alors je resterai toujours dans ton coeur.
"And if you die and when I die, we will always be together" Et si tu meures, quand je mourrais aussi on sera réunies pour toujours?
"I don't know, sweety, it is a possibility. But remember, love is what really counts and I will always be in your heart because I love you." Ça je ne sais pas, chérie, c'est possible, mais souviens toi ce qui compte vraiment c'est que je serai toujours dans ton coeur parce que je t'aime.

Je ne sais pas ce que c'est que de porter un enfant. Je ne sais pas ce que c'est qu'aimer un enfant à qui l'on a donné la vie. Je ne me fais pas d'illusion sur le fait en tant que mère adoptive que je ne suis qu'une remplaçante et que je ne peux me suppléer à l'amour que ces enfants n'ont pas reçu de leur mère de naissance. Je sais que cette discussion, même si elle me touche profondément ne confirme pas son amour pour moi, mais qu'elle a vraiment peur d'un nouvel abandon et que c'est une peur que je ne puis apaiser, même avec tout mon amour. Quand on choisi d'adopter des enfants qui ne sont plus des nourrissons, on ne le fait pas en espérant un jour être aimé d'eux, on le fait en espérant juste qu'eux apprendront à se laisser aimer. Le seule chose dont on puisse être certain, c'est de l'amour qu'on leur porte. Mieux vaut ne pas se faire d'illusion sur celui qu'ils nous portent en retour. Il est fort probable qu'à l'adolescence, ils nous rejettent complètement et qu'ils partent à la recherche de leurs origines. Alors, on se contente, modestement, de jouir des témoignages de tendresse dont ils sont capables, et surtout on travaille dur pour essayer de réparer les dégâts.

On pourrait facilement croire que leurs comportements viennent de ces premiers mois, ces premières années gâchés et que c'est à eux de faire un travail sur eux-même pour modifier leurs mauvais réflexes. On s'aperçoit cependant vite, avec un peu d'aide spécialisée, qu'en fait ce sont nos réactions en tant que parents par rapport à ces comportements qui les perpétuent, voir qui les induisent. Les parents non adoptifs devraient aussi en prendre conscience. Si même des enfants avec un passé souillé ne sont que des miroirs pour les émotions de parents adoptifs alors on peut imaginer que l'effet est démultiplié quand l'enfant a eu un début de vie normal. Quelqu'un qui compte beaucoup pour moi me confiait l'angoisse de sa fille par rapport à la rentrée. Ma première question fut de comprendre quelle exigence de performance la mettait sous une telle pression qu'elle était incapable de prendre du plaisir à retrouver ses amis. Il ne confirmait pas cette exigence tout en disant que c'est vrai qu'il n'était probablement pas aisé de suivre ses aînés très brillants...Et puis en creusant, il a eu un conflit tout l'été avec son épouse pour que la petite s'entraîne à certains exercices, ce qu'il refusait, afin qu'elle prenne l'habitude d'un nouvel instituteur qui fait faire ce genre d'exercices. Imaginons dans la tête d'un enfant..."Ils me disent que ça n'est pas important d'être bonne en classe, mais ils encensent mes aînés quand ils réussissent et Maman veut que je passe mes vacances à m'entraîner pour l'année à venir." Que croyez-vous que cette gamine va croire, ce qu'elle entend, ou les actes dont elle est témoin. Ça n'est pas à elle de prendre conscience de ses peurs et de les dompter, mais bien à ses parents de comprendre qu'ils en sont la cause et de modifier leurs comportements pour l'aligner avec leur discours. S'ils ne parviennent pas à le faire seuls, alors il leur faut chercher de l'aide.

Quand je puise au plus profond de mon coeur pour répondre aux agressions verbales, parfois physiques de du fillot par des sourires et des mots d'amour, je ne lui renvois pas la réaction qu'il est en droit d'attendre et petit à petit, il finit par me renvoyer celle que j'induis en lui. Mais c'est en fait, la petite Pitchoune, le caniche nain que nous avons adopté avant d'avoir les enfants qui me l'a appris en premier. Elle avait été maltraitée la petite Pitchoune, et pour cause, elle se croyait l'alpha et faisait tout pour faire tourner le monde autour d'elle. Le plus désagréable étant de pisser et chier partout, de préférence juste après ses sorties, pour manifester son contrôle. Elle volait aussi. Le Prince devenait fou, punissait toujours plus fort et elle se rebellait toujours plus. Finalement, nous en avons beaucoup discuté et nous nous sommes dit qu'il fallait trouver un moyen de sortir du cercle vicieux. Et que comme c'était un chien, ça n'était pas elle qui pouvait s'adapter mais bien à nous de trouver une solution. Nous avons donc mis en place un programme de suppression de toutes les occasions de faire des bêtises. Sans les conditions, elle ne pouvait plus manifester sa rébellion et s'est aperçu qu'elle était beaucoup moins punie, et beaucoup plus choyée. En quelques mois, nous avons éliminé ces comportements de retaliation. Comme dans un roman de John Irving, Pitchoune , surtout ce qu'elle nous a appris, était l'une des conditions nécessaires pour être prêts à bien nous occuper de ces enfants. N'empêche que je suis partie tout de même avec un terrible handicap, étant moi aussi RAD (Reactive Attachment Disorder), mais comme la fillotte du type résilient. Si je l'avais compris, je ne suis pas certaine que j'en aurai accepté les conséquences. En tout cas, rien ne me vient naturellement et je dois sans cesse prendre conscience de mes réactions spontanées et tenter de les contrôler pour ne pas traumatiser plus ces petits  qu'ils l'ont été déjà bien suffisamment. C'est un gros effort, mais je crois qu'au bout du compte il me reconstruit, et que tout cela a un sens, car ces enfants me sauvent certainement aussi de moi...

jeudi, 31 août 2006

"Il en va de l'érotisme comme de la danse: l'un des partenaires se charge toujours de conduire l'autre." Milan Kundera



Par hasard, je tombe sur cette chanson et une bouffée de douce nostalgie m'envahit.
Souvenir de jeune adulte ou avec un de mes cousins, nous prenions des cours de rock au gymnase de derrière chez lui. Déjà étudiante autonome dans mon appartement, je venais avec la fidèle 104 de ma grand-mere, je me faisais inviter par sa Maman pour le dîner, puis nous partions à notre leçon. Mon cousin n'était pas un garçon vraiment à l'aise dans son corps, qui pourtant était plutôt fin et musclé. Il avait juste un rapport étrange à lui même et la danse était avec l'aviron l'une des rares activités ou il se laissait un peu aller, en fin un peu, le mot est faible! Quelles parties de rigolades! Il arrivait à nous faire des noeuds indéfaisables. Il fallait qu'on se lâche, bravant l'interdit du prof dans les éclats de rire. J'en avais des fous-rires d'anticipation. Un vrai bonheur et un bon exercice pour les abdominaux. Au bout de quelques mois, nous étions devenu bons danseurs dans la joie! A tel point qu'arrivée à Hartford, je devais prendre un cours optionnel et ayant déjà un programme chargé, je me suis dis que "Danses de salon" ne pourrait pas faire baisser ma moyenne. Pendant ce cours, nous pratiquions un peu tout: rock, salsa, tcha-tcha, tango et bien sur, la valse. J'avais jeté mon dévolu sur un grand dadet (un vrai "geek") tout raide qui n'avait aucun sens du rythme et probablement n'avait jamais tenu une fille dans ses bras. Les défis ne m'ont jamais fait peur.  Mon intuition, bien qu'encore larvée à cette époque, ne m'avait pas trompée. Je n'avais pas la compassion pour l'emmener plus loin dans la conquête de son corps, mais il a tout de même réussi à suivre la musique sans me marcher sur les pieds, à conduire correctement et à devenir un danseur acceptable. C'est la valse qui a été le déclic. La valse est vraiment la danse enivrante par excellence. Il y a des danses plus sensuelles, plus langoureuses, plus passionnées, mais aucune n'est plus  une parade amoureuse que la valse. L'homme ne cesse d'avancer et la femme de reculer. La femme toujours presque qu'au bord du déséquilibre, et l'homme toujours ferme pour la soutenir. Elle nécessite, plus que toute autre, que l'homme sache exactement ou il veut aller, et surtout que la femme n'ayant pas d'yeux derrière la tête lui fasse totalement confiance. Dans le sexe, je préfère l'équilibre, mais dans la valse, c'est si bon de se soumettre à cet élan volontaire jusqu'au tournis.

Hélas, le Prince ne maîtrise pas les bases. Comme nos corps palpitent au même rythme, il m'entraîne parfois dans un zouk ou une lambada collés, de temps en temps dans les deux passes de rock qu'il connaît et le plus souvent dans des slows langoureux qui arrêtent le temps. Mais la valse me manque. Peu importe la robe, peu importe le lieu, peut importe si le partenaire est un peu raide ou maladroit du moment qu'il sait ou il va. Juste envie de l'ivresse, de la cadence accordée à celle des battements du coeur, de l'abandon de ne pas voir ou je vais, de l'élan incomparable, de l'énergie d'une valse!
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"La Valse" Camille Claudel

mercredi, 30 août 2006

"La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers." Charles Baudelaire

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La première traversée du matin donne le ton à la journée.

La splendeur luxuriante de la Virginie submerge. Le temps orageux et quelques lourdes gouttes de pluie accueillent les premiers pas hors de la maison, mais tout de suite la chaleur étouffe, le brouhaha du concert de cigales, de grillons et d'oiseaux assourdi, l'odeur d'humus de la terre enivre. La nature s'engouffre par tous les pores, ensorcelante. Passer le pont de bois en rendant hommage à la Rivanna. En amont, la remercier des enseignements du passé. Elle est sage, presque immobile. En aval, lui confier le future, celui de notre foyer, celui des visiteurs, celui de l'humanité. Elle coule guillerette entre les pierres murmurant une petite mélodie à peine audible  tant la voix de la forêt est forte autour d'elle. La longue robe de soie asymétrique brune à poids parmes flotte sans la moindre contrainte caressant le corps, les rondeurs affranchies de tout sous-vêtement rebondissent à chaque pas. De la sensualité de ce jour, des envies de petits plaisirs absentes depuis des mois naissent . Un café glacé chantilly en guise de petit déjeuner. Sucer  du bout des doigts la chair raffinée de gambas pour le déjeuner, la langue picotée par le raifort de la sauce. Sentir les effleurements du vent pénétrant par les fenêtres largement ouvertes à cause d'une nouvelle panne de climatisation. Caresser les légumes de la ratatouille sous un filet d'eau fraîche. Le couteau vain la résistance de la peau noire et lisse des aubergines avant de s'enfoncer dans la pulpe moelleuse. Dans un claquement, la lame débite la fermeté des courgettes. Le croquant juteux des poivrons rouges, jaunes et oranges embaume les mains. L'ail, le thym, le romarin et l'origan frais parfument la maison dans le petit bouillonnement de la cocotte.

Deuxième traversée, quatre hommes entre 20 et 45 ans travaillent sur le chemin. Leurs regards concupiscents accompagnent la vibration de mes chairs libres sous la soie. Il faut dire qu'ici, c'est un spectacle inédit. En d'autres temps ça aurait pu être excitant, mais les pulsions sont sous contrôle grâce aux jouets enjoués, à l'empressement du Prince quand la langue devient lyrique et au désir transcendé des visiteurs.

Troisième traversée pour une réunion de parents d'élèves. Au retour, il fait nuit. La voisine propose de me déposer, refuser poliment et s'enfoncer dans l'encre du sous-bois à peine éclairé par un petit croissant de lune qui se bat avec les nuages. Juchées sur des espadrilles à talons compensés,  les chevilles s'adaptent aux accidents du terrain. Les yeux ne sont d'aucun secours, mais les chevilles sont des mécaniques d'une dextérité obscène quand on prend la peine d'y prêter attention. L'air est doux, il a perdu sa lourdeur humide, il est respirable, presque gouleyant. Quelques fils de soie d'araignées s'égarent sur les bras et le visage. Presque privée de la vue,  sentir l'odeur du bois humide du pont. Une dernière prière à la rivière, sa sagesse ancestrale apaise. Sous sa protection, tout trouvera son sens, sa place, comme dans un roman de John Irving...

jeudi, 24 août 2006

"Toute connaissance commence par les sentiments." Léonard de Vinci

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Le chemin de la Connaissance

 

Depuis hier au soir, les larmes ne s’arrêtent plus de couler. Les yeux me brûlent, le sang bat à mes tempes, le tout couronné d’un début d’angine d’été.

Craquer pour un simple baiser avorté…

Mais bon à force d’enfermer le trop plein d’amour dans la cocotte minute, les accidents de cocottes sont inévitables…

Au matin, emprunter le délicieux Chemin de la Connaissance avec les enfants, en rendant hommage au passage du joli pont de bois à la Rivanna, mère des rivières et protectrice de notre foyer, me réconciliant avec la vie. Les messages du matin sont plutôt réjouissants : beaucoup de tendresse, un peu d’avancement de certains projets, bref la journée démarre avec le sourire.

Embellie de courte durée. Incursion du Cheshire Cat dans une verve amère qui me bouleverse… Dévastée par ce qu’il retient de notre aventure, les larmes me saisissent et ne s’arrêteront pas tant que la discussion asynchrone se prolongera. Pourtant au fil des billets qu’il découvre, le souvenir de nous, du bonheur éphémère mais si pur que nous avons partagé semble petit à petit lui revenir et sa dernière phrase est une déclaration à peine déguisée…L’émotion est à son comble. Il faudrait qu’il puisse ne garder que cela…Notre amour ne s’est pas effondré parce qu’il était une illusion, d’ailleurs il ne s’est pas écroulé du tout. Nous avons juste du le mettre entre parenthèses à cause des circonstances de la vie. Notre amour existe toujours, il est juste contrarié…

Un peu ragaillardie par cet apaisement final si émouvant, se sentir prête à affronter le travail très rébarbatif de chercher du travail, mais c’est sans compter sur les taquineries de la destinée qui a décidément une dent contre moi en cette magnifique journée de fin d’été.

C’est le tour du Roi des Ondes de se manifester. Depuis les vacances, il semble distant le Roi des Ondes, oublie nos rituels, ne m’accorde que quelques instants grappillés sans grand enthousiasme. C’est vrai qu’il ne semble pas aller très fort : soucis professionnels, soucis de couple, alors un Supplément d’Ame dans ces circonstances, ca peut paraitre superflu…Enfin la réalité est plus simple, la plupart des gens s’enferment sur eux-mêmes quand ils ne vont pas bien, et lui, vu qu’il est déjà plutôt sauvage de nature, il ne déroge pas a cette généralité. Malgré toutes les perches tendues par le partage de mes doutes, il a du mal à se lâcher. Il finit tout de même par cracher le morceau, mais de mon coté, fragilisée par les 12 heures qui viennent de s’écouler, le couvercle de la cocotte n’est pas hermétiquement refermé, et c’est notre première querelle d’amoureux…Ca n’est pas tant ce qu’il a partagé, c’est plus un effet goute d’eau, le résultat de ces semaines d’interactions superficielles ou il m’a un peu traitée comme un acquis et vraisemblablement en partie parce qu’une autre, dont il est aussi amoureux, c'est évident, joue les difficiles. Quand on refuse ce genre de mesquineries, il y a de quoi être déçue. Et encore plus maladroitement, il dit qu’il ne dira plus rien…Autant dire qu’il met un terme à la relation…C’est sur qu’il ne voulait pas dire ca, mais n’empêche…Enfin bref, la fontaine de larmes est à nouveau à plein régime quand nous sommes brutalement interrompus par cette garce de vie qui ne me fera pas une seule fleur aujourd’hui.

Le Délicieux Sixième Visiteur aurait peut être pu trouver des paroles de réconfort, mais il est trop tard, le Prince est de retour…

Le Prince m’accorde le baiser refusé hier au soir, avec beaucoup de tendresse, ca plus le sourire d’un commentaire laissé sur mon blog, me voila dans ma troisième courbe montante des montagnes russes de la journée…Alors il faut consolider, et qu’est-ce qu’on fait pour assurer la paix des ménages ? Une chose que la sagesse de nos grands-mères connaissait bien mais que ma génération a eu tendance à négliger : un bon diner. En plus, faire la cuisine raccommode avec les cinq sens, rien de tel pour se sentir revivre! Les hommes comme les femmes devraient se souvenir de ses vertus réparatrices de l’âme et des familles. Dans ces cas là, rien de tel qu’une tarte, ou pour l’occasion une quiche. Ah ! Le bonheur incroyablement sensuel de malaxer la patte beurrée qui glisse douce et parfumée entre les doigts, puis la caresse de soie de la farine lorsqu’on roule la patte, une image de Jessica Lange et Jack Nicholson dans « Le facteur sonne toujours deux fois » et la réminiscence de certains jeux avec le Prince en tête. Bon obsédée, on l’est ou pas, n’est-ce pas ? La soirée va forcement être glorieuse, parce que la quiche l’est.

Que nenni ! Cette vache de vie ne va pas me lâcher si facilement aujourd’hui… Règlement de comptes entre le Prince et les enfants sur « le respect de la nourriture », et du coup personne ne respecte l’effort mis dans cette quiche pourtant magnifique. Ça se termine même par une grosse crise d’attachement du fillot qui en arrive à m’injurier alors que le Prince se retire de l’engagement avant qu’il n’y aie mort d’enfant… Et oui, comme toujours, toute la colère se porte sur la maman. Le fillot hurle comme un cochon qu’on égorge et à chaque insulte, trouver le courage d’exhumer son sourire le plus sincère pour répondre avec douceur, « moi aussi, je t’aime ». Après cette saleté de journée, qui eu cru qu’il me resterait assez d’énergie pour une telle confrontation? 30 minutes plus tard, il régresse enfin, et c’est un tout petit bébé qui vient sur mes genoux et inonde ma généreuse poitrine de ses larmes. Nous pouvons alors discuter de ce qui s’est passé, de mes sentiments devant l’indifférence générale à la quiche dans laquelle j'avais mis tant d'amour, devant ses insultes d’autant plus injustifiées qu’il était en colère contre son père et non contre moi. Il s’excuse, à droit à notre chanson rituelle et s’endort comme une masse.

Après les échecs successifs de l’amoureuse, peut être le triomphe de la mère est-elle une rédemption…

Et si demain, je restais au lit ?

 

mardi, 15 août 2006

"Le doute est un hommage rendu à l'espoir." Lautréamont

 

 

 

Lorsque j’étais prête à faire n’importe quoi pour enfin être enceinte, la vue d’un bébé, ou même d’un jeune enfant perçait mon cœur de mille poignards. Le Prince des Fleurs et mes amis voyaient bien les sentiments opposés qui me déchiraient chaque fois que nous passions du temps avec leurs familles. Cette joie pure que seuls les enfants, sans arrière pensée, savent vous offrir brutalement obscurcie par ce manque insupportable…Pas la peine d’essayer de l’expliquer, les mots sont impuissants, seules celles qui connaissent cette douleur peuvent la comprendre. Je voulais un enfant pour connaitre la magie de la vie et aussi partager la tendresse inconditionnelle dont seule l’innocence est capable. Mais à cette époque là, je ne le savais pas, focalisée sur l’objectif, peu importaient les raisons.

Je prêtais mon corps à la routine quotidienne des soins avec l’opiniâtreté qui me caractérise, à la limite de l’acharnement, sans lever le pied le moins du monde professionnellement. Pas étonnant qu’il me soit devenu le plus parfait étranger.

Comment ne pas se détacher de sa chair quand cette dernière est piquée d’aiguilles presque tous les jours et son intimité fouillée plusieurs fois par mois par des objets étranges manipulés sans douceur par des mains sans amour ? Les stigmates sont encore visibles au creux de mon bras gauche, dans mon nombril et au plis de l'aisne, 6 ans plus tard. Comment ne pas considérer cette enveloppe charnelle comme un objet cassé incapable de remplir son unique fonction ? Comment ne pas lui faire la guère lorsque chaque mois il vous déçoit, encore et encore ?

Comment en vouloir au Prince d’avoir alors cherché entre d’autres cuisses une sexualité de plaisir délivrée des enjeux ? Comment lui en vouloir encore aujourd’hui de ne pas pouvoir satisfaire mon insatiabilité ? Lorsque l’on a tenu des années durant une femme désincarnée dans ses bras, n’est-il pas normal d’avoir du mal à s’adapter à une gourmande boulimique pas seulement de sexe mais aussi de tendresse et d’amour ? En fait, l’envie de l’aimer s’est peut être éteinte tout à fait et le désir de même essayer a disparu…

Lui, dont je vénère la constance, le détachement, la lenteur, la contemplation, lui qui m’a tout appris des sentiments, lui qui m’a conduite à l’orgasme multiple, lui qui m’a offert la capacité à verser des larmes, lui qui sait tout de moi et dont je sais tout, au travers de toutes ces conversations que nous avons du avoir pour se « synchroniser » pour l’adoption puis pour gérer les troubles de l’attachement de nos enfants, lui en aime une autre.

Il aime celle que j’étais avant l’ultime blessure, cette jeune bourgeoise trop éduquée, ambitieuse, matérialiste, déterminée à qui rien ne résistait. Celle qui l’entrainait dans une valse de vie endiablée, sans doute, sans faiblesse apparente, celle qui était cette image idéale façonnée par ses parents, celle qui a commencé à dépérir un glorieux jour d’Avril 2000 quand elle a cessé de se battre pour porter un enfant et s’est finalement éteinte le 15 Juin 2006.

Cette ébauche de femme là est morte et lui l’aime toujours. Il ne s’est même pas vraiment aperçu de sa lente agonie, ou peut-être l’a-t-il vu mourir à petit feu, mais simplement il l’a nié…Il a lui aussi sans doute droit de faire son deuil…

Mais voilà, il n’aime pas la nouvelle…

Dans un foyer peuplé d’âmes aussi durement blessées que le notre, l’option de la séparation n’est pas envisageable. Il nous faut alors reconstruire notre équilibre sur ce qu’il nous reste…les enfants…le sexe…une bonne table…des habitudes tendres dont il est sommes toutes difficile de se départir completement…et mon amour pour lui qui reste inchangé.

Trouver le courage d’aimer au quotidien sans être aimée…

Ne pas répondre aux reproches, au manque de respect, aux provocations, aux attaques systématiques, à l'indifférence…Ne pas lui demander d’explications quand il disparait des heures durant…

Profiter de chaque baiser, d’un compliment consenti presque malgré lui, de chaque caresse non réprimée, du plus léger sourire, de la sieste, ou de quand il me réveille avant l’aurore...

Le regarder dormir, chahuter avec les enfants, jouer avec le chien...

Espérer que cela puisse suffire… Que l’amour des visiteurs m'insufflera la force…

lundi, 14 août 2006

"Le doute est père de la création." Galilée

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Retrouver son innocence

Savoir embrasser l'enfance

Se mettre en convalescence

De vie, de pluie, d’absence

Se fermer aux apparences

Goûter à la désobéissance

Ne plus craindre l’offense

Sans peur sans réticence

Abandonner ses défenses

Ses remparts à la souffrance

S’abreuver de connaissance

Oublier toute concupiscence

Délivrance de l’intolérance

Attirance de transparence

Résurgence de tous les sens

Effervescence de croissance

Inconscience de l’essence

Attirance de l’espérance

Jouissance d’une renaissance