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samedi, 09 septembre 2006

"C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume." Oscar Wilde

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Brumes du matin, d'où vient cette fascination insatiable pour le brouillard?

Peut-être d'être née au pays des étangs, peut-être d'avoir grandi dans une ville à deux fleuves...

Souvenir..Pour aller au collège, je marchais le long d'une haute muraille  grise qui enfermait tout un pâté de maisons et abritait des entrepôts. Sur le trottoir d'en face, de  petits pavillons de banlieue avec leurs coquets jardinets miniatures. Cette rue, à cause du mur mystérieux était un peu étrange et mes amies préféraient emprunter un chemin plus long, d'autant plus qu'y sévissait parfois un exhibitionniste à mon sens pas très impressionnant. Je n'avais déjà aucune pudeur corporelle, la nudité ne me faisait ni chaud, ni froid, et puis elle était très petite par rapport à celles que j'avais déjà vues...Pour faire comme les autres, je m'en étais tout de même plainte à Maman qui m'avait à son habitude disqualifiée d'un geste las de la main: "T'as qu'à changer de trottoir"...Donc, souvent j'étais la seule âme en mouvement à longer ce mur. Je goûtais la solitude de cette courte marche en imaginant des mondes merveilleux par delà la barrière énigmatique.

Les jours de brouillard étaient mes favoris. A 11 ans, j'avais déjà lu le Grand Meaulne, et beaucoup d'autres choses qui n'étaient pas de mon âge, et le brouillard était devenu mon ami, compagnon des errances d'un imaginaire fébrile. Je m'enfonçais avec délectation dans la ouate savourant chaque pas dans mes mondes intérieurs où tout était possible. L'épaisseur de l'air faisait comme un cocon à mes divagations peuplées d'elfes et de sorciers tous droits sortis des volumes chéris de Tolkien ainsi que d'individus dotés du don d'ubiquité qui, bien avant les téléporteurs de Star Trek, m'entraînaient aux confins d'aventures rocambolesques. Précoce, le coeur palpitant comme celui d'Anne Frank,  je fabulais aussi de grands amours passionnels qui empruntaient les traits de Frank ou de Lilian.
Les sens mis en veille par cette atmosphère irréelle, la vision éteinte, ou plutôt éblouie par la blancheur impalpable, l'écoute assourdie par l'air cotonneux, l'imaginaire pouvait s'envoler plus haut que Jonathan Linvingston le goéland. Il n'y avait qu'une rue à traverser sur le trajet, rompant quelques instants les chimères extravagantes de mon esprit débridé. Mais chaque autre pas me conduisait plus profond dans ces contrées fantastiques où les fées rayonnaient en douces maîtresses d'un Univers sans violence où tout finissait toujours idéalement.

A cette époque, je préférai lire et songer la vie...

Un jour comme aujourd'hui, où le souffle vaporeux de la Rivanna confère à sa foret enchantée une aura délicate, j'aimerai retrouver l'innocence sans soucis des élucubrations idéalisées d'une pré-adolescente trop mure...

Commentaires

L'inconnu! ce que l'on ne maitrise pas, le brouillard, le noir, le doute, tout ce qui nous fait peur nous attire, nous electrifie, nous pousse à nous transcender en amour comme dans la vie de tous les jours.
oui je crois être passé du côté obscur

Écrit par : le rat vit | samedi, 09 septembre 2006

Vous du cote obscure le rat vit et moi de celui de l'eblouissement, le parfait equilibre ;-)

Écrit par : Aude | samedi, 09 septembre 2006

La brume révèle la lumière, quant aux éculubrations êtes vous sûre que l'âge les a complètement perdu...

Écrit par : Pyrome | dimanche, 10 septembre 2006

Beau texte

sinon,
ce monde de contour trop précis
numérisation oblige (qui fait que le flou, le vrai est impossible sur une image de DVD)
nous rend affamé de nuance

Et ce n'est pas la tendance actuelle qui voit constamment opposés un Noir et un Blanc illusoire
qui atténue ce manque

Écrit par : Le bateleur | dimanche, 10 septembre 2006

C'est vrai Pyrome, la brume est révèlatrice...Et les élucubrations ne sont en effet pas perdues, elles sont juste moins innocentes, moins idéalisées :-)

Écrit par : Aude | dimanche, 10 septembre 2006

Merci Le bateleur, vous avez raison, la socièté actuelle est avide de nuances et une trop large place est réservée aux extrêmismes qui s'affrontent...

Écrit par : Aude | dimanche, 10 septembre 2006

j 'ai lu quelque part que " les hommes étaient dans la brume " et qu'ils ne le savaient pas...,à défaut de comprendre,parlant de...brouillard, j 'ai des des images bien plus significatives dans ma photothèque...LOl !

comme toujours,très sensible post,un peu ' rétro ' ce qui me fait penser à cette phrase :

' la vieillesse c 'est quand on a d 'avantage de souvenirs que de moments présents à raconter '....

Écrit par : temporel | dimanche, 10 septembre 2006

Merci temporel, maniere tres delicate de me rapeler que je suis quadra aujourd'hui! LOL.

Écrit par : Aude | dimanche, 10 septembre 2006

Les commentaires sont fermés.