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jeudi, 16 novembre 2006

certitude

Nos certitudes sont les chatoyantes réverbérations de nos doutes.
Nos doutes fleurissent, précieuses orchidées de l'ombre de nos peurs.
Quand la peur se dissout en un éblouissement, les doutes s'envolent emportant les convictions et les opinions sur leurs ailes limpides.
En paix, les réponses sont aussi futiles que les questionnements, l'incertitude a la douceur d'un bain de miel et les énigmes ont la voix enchanteresse de la lumière.
Enfin se complaire de ne pas comprendre et accepter l'abandon.

mercredi, 15 novembre 2006

Bocal

Après le traditionnel cérémonial, les salamalecs de pingouins ampoulés et les dansent rituelles d'apprivoisement,


Après le déluge, le flot ininterrompu de signes et de messages, d'indices et d'énigmes, d'encouragements et d'avertissements,


Après le feu sauvage, le passage au crible des techniques de combats, le test de résistance du conditionnement et la mise à l'épreuve des réflexes guerriers,


Après la revue de détails du butin, indécent étalage d'un trésor non convoité,


Après la transfusion des dernières larmes de sang pour tenter d'apaiser un peu la soif insatiable du monstre,


Le spectre grisé s'envole retrouver sa chère neutralité alors que le temps reprend sa délicate distillation, indifférent à la rage de cet ouragan en bocal.

mardi, 14 novembre 2006

Contes de fées

Un voile éthéré de pluie vient caresser les ondulations brunes et bleutées de l’horizon. Tiédeur lascive d’une sieste un après-midi d’été dans l’ombre lumineuse d’une chambre grande ouverte sur la mer, ses rideaux de mousseline délicatement enivrés par la brise océane. Les rayons pastel d’un soleil de douceur percent ça et là au travers de dentelles de nuages et de ciel. Le ronronnement de 240 chevaux fait écho au vide de l’âme rassasiée. Le mirage est parachevé, bouleversant de beauté et de paix, comme si l’instant s’était arrêté bouche bée devant le panorama miraculeux, comme si aucune colère, ni aucune peur ne pouvaient trouver un point d’ancrage dans la magie du décor, comme si l’Amour ressemblait aux contes de fées.

Couple idéal

Lui, la possession.
Lui, il l’admire, l’adule, la vénère, son corps est son temple, il ferait n’importe quoi pour Elle, il irait jusqu’à la partager, il l’a partagée, il lui a fait des enfants. Et puis après Elle est devenue avant tout leur mère. Mais comme il l’a statufiée et érigée sur le plus haut piédestal qu’il a réussi à élever à sa gloire,  Elle est restée son monde, tout son monde, même inaccessible, même indisponible. Elle est restée son paratonnerre à pulsions, son baromètre et sa boussole. Il croit qu’il peut la rendre heureuse, ou du moins il l’a cru. Il pense qu’il la tient grâce à sa baguette magique. Il faut dire qu’Elle n’a jamais démenti, même si Elle fait peut-être partie de cette majorité résignée qui ne connaît pas l’orgasme. Mais Lui ne le saura jamais, Elle ne rompra pas le pacte des femmes, il se sent si invincible quand Elle hurle pour Lui, quand Elle tremble pour Lui. Lui doit garder cette fierté.

 

Elle, l’émancipation.
Elle, elle a l’impression que sa vie ne lui appartient pas, qu’elle n’a jamais vécu pour Elle, qu’elle a toujours fait ce qu’on attendait d’Elle, en bon légionnaire.  Etre son épouse à Lui, la mère de leurs enfants, ça ne la définit pas. Ca n’est pas sa vie, même si c’est elle qui l’a choisit Lui, même si c’est elle qui voulait des enfants. Non, elle leur a sacrifié ce qui aurait du être son conte de fées. Un coup de baguette magique le dimanche, ça ne suffit pas. Après toutes ses années et même avec toute la poudre de perlimpinpin, la baguette a perdu sa magie, si elle n’en avait jamais eu ailleurs que dans ses fantasmes. Au fond, elle sait que Lui n’y est pour rien, mais qu’il continue de vouloir la protéger sans la moindre contrepartie témoigne de la permanence de son pouvoir sur Lui, c’est bon pour son ego, elle en a besoin pour aller jouer la comédie à d’autres baguettes qui seront peut-être magiques…

 

Nous, c’est ainsi qu’ils parlent d’eux, Nous n’a jamais vraiment existé.

Simple obéissance à un instinct pour Elle, juste une illusion pour Lui…

Alors un jour, le légionnaire se demande pourquoi…

Et puis, le légionnaire s’arrête…

 

Pourquoi pas ?
 

L’Amour est ailleurs…

lundi, 13 novembre 2006

Shoot

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Comme des toxicomanes qui partagent un shoot, tu tapotes ma veine, tu enfiles l'aiguille et le bien-être suit le sillon des vaisseaux pour atteindre les contrées les plus reculées de ce territoire inexploré qu'est l'enveloppe charnelle désincarnée. Lentement, le flux lumineux se repend et les repères se perdent, s'évaporent comme une goutte d'eau se noie dans la mer. Avec le peu qui me reste de présence, je saisis à mon tour le stupéfiant et dans ce même rituel automatique, je te projette dans le voyage concentrique. Nos âmes sont étrangement enlacées, nous savons que l'Amour est indivisible, alors nous partageons l'anéantissement, enfants du mirage dansant dans leurs sarcophages, étincelles de l'agonie recomposant les soubresauts élémentaires du virtuel, enchanteurs de crécelles harmonisant les fausses notes artificielles. Nos éclaboussures sont les ratures de tous les poèmes que nous n'écrirons pas.

Imperméable

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Dans l'imperméable de lumière
L'émotion est crue sans artifices
Sans un tremblement de paupière
Elle explose la vie en sacrifice

Pour les explorateurs de l'objectif
Le temps n'est pas, l'espace replié
Le monde évolue dans le fictif
Et la chair à vif consumée

dimanche, 12 novembre 2006

dérisoire

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Volets béants des miroirs
Gémir d'Amour dérisoire

La lumière s'ouvre en deux comme une noix
Dans un tourbillon de torpeur foudroie

Terrible et merveilleuse tout à la fois
Détresse délectable et sanglots de joie

Laminée la douceur se pâme
En abdiquant tout jusqu'à l'âme

Vertige exquis, fixité vertigineuse
Gouffre superficiel, élévation creuse

Cette fièvre n'est qu'insignifiance
Et pourtant centre de gravité du sens

Volets béants des miroirs
Gémir d'Amour dérisoire

Légionnaire

Tu as fait tes armes dans la Légion Etrangère au plus profond de forêts primaires, dans ces contrées si sauvages où la vie resplendit avec toute la cruauté d'une nature à l'état brut. Ça n'était pourtant pas plus brutal que la guerre civilisatrice dans laquelle tu as grandi. Tu as été surentraîné, préparé à tout, une vraie machine de guerre. Autour de toi tout plie, tout rompt devant ta volonté inébranlable, rien ne peut stopper ta progression. Tu sais que cela fait partie des règles tacites du jeu. Tu sais que si tu reprends ton souffle, tu es mort, alors tu avances, exécutant sans faiblesse cette routine parfaitement orchestrée dont on t'a si bien lavé le cerveau.   Tu es reconnu pour cette exécution sans faille, sans question, sans hésitation, les médailles qui ornent ton fier uniforme témoignent de l'admiration de tes pairs. Tu n'es pourtant pas tout à fait encore un robot, tu vois bien les ravages, la destruction tout autour de toi. Mais ça te laisse froid, tu as l'habitude, c'est cela ta normalité.
 
Sauf qu'il semblerait qu'il ait eu une lacune dans cet entraînement si intensif et exhaustif.
 
Juste une petite lacune...
 
Personne ne t'a jamais dit pourquoi.
 
Occupé à survivre encerclé des dangers imminents contre lesquels on se bat, ça n'est pas une question qui vient à l'esprit. Il faut d'abord acquérir les compétences pour lutter, ne pas se faire tuer, et le temps manque.
 
Pourtant, cette nuit-là, dans un demi-sommeil, tu ne dors jamais que d'un œil, ce mot fait toc-toc dans ta conscience anéantie de réflexes conditionnés. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
 
Tu ne sais pas…
 
D'aussi loin qu'il t'en souvienne, tu n'as jamais eu de discussion avec qui que ce soit   qui puisse te donner seulement un indice sur le pourquoi.
 
Comment,…ça tu maîtrises, tu sais trop bien comment…Quoi,… tu en as une bonne idée, même si le concept reste relativement abstrait, tu sais que l'objectif est le succès. Tu n'es pas certain de la définition exacte de cette cible, mais elle porte au moins un nom, et c'est donc déjà un début de définition.
 
Mais, pourquoi ? Pourquoi ? Non, jamais pourquoi n'a été évoqué…

 

Alors tu t'arrêtes…

 

Pourquoi pas ?

samedi, 11 novembre 2006

armures

Ils en ont forgées de biens belles armures
Les soldats du quotidien en pâture

Couche après couche de téflon
Ils croient se blinder contre l’émotion

Contre cette sensation guillerette
Qui pourrait avoir un petit gout de défaite

En surface, pour briller, ils brillent
Mais leur intérieur se recroqueville

Le cœur privé d’éléments essentiels
Se ratatine et la tristesse amoncelle

Car souvent le remède est pire que le mal
Ce mur protège autant du bien que du mal

Il faut savoir accepter de souffrir
Pour accéder à l’ultime plaisir


ça aussi...

 

Tu flottes hors du temps

Bulle de savon en brise de Printemps

 

Tu es tellement bien que tu en oublies

Que dans une autre dimension tu as une vie

 

Tu flottes léger et insouciant

En apesanteur et inconscient

 

Tu sais que derrière la membrane translucide

Un monde tissé d'utopies réside

 

Et cette projection là

A ta clairvoyance ne résiste pas

 

Alors quand un relent d'illusion

Vient faire trembler ta bulle de savon

 

Tu encaisses et tu souris

Ca passera, ça aussi…

 

 

Candide

Pour qui du quotidien l'univers

Est plus transparent qu'un livre ouvert

 

La vision n'est plus déformée

Par un prisme de mirages mystifiés

 

Souvent obscène et indécente

Est la candeur clairvoyante

 

Les fabricants de mythes en sont choqués

Leur monopole pourrait se volatiliser

 

Alors en calomnies et cabales

Sur la candeur un déluge de balles

 

Qui ricochent sans effet

La clairvoyance étant un fait

vendredi, 10 novembre 2006

Fidèles

Vous, les fidèles de ces pages, vous qui pénétrez ici la plupart du temps sans laisser d'autre trace que le sillage impersonnel d'une adresse IP. Silencieusement, vous arrachez quelques instants à l'esclavage du quotidien pour lire des délires plus ou moins poétiques, que cherchez-vous ?

 

Il n'est pourtant ici, ni vérité, ni messie.

 

Il n'est pourtant plus ici de luxure perlante, de larmoiement d'écorchée vive, de lavage de linge sale, plus de réjouissances pour voyeurs de tous bords, plus de hurlements de frustration ou d'insatisfaction, plus grand-chose à quoi s'identifier ou se référer.

 

Pas que vous ne soyez pas les bienvenus, mais il n'est ici rien que vous n'ayez déjà…

 

Approchez…

 

Approchez plus près…

 

Approchez encore…

 

 

Voici le secret…

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jeudi, 09 novembre 2006

Leap of faith

 

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Tu es arrivé jusqu'ici , tu ne sais pas trop comment. En fait, la vie t'a soumis à son joug, et tu n'as pas trop résisté. Juste un peu, comme on te l'a appris quand tu étais petit, sans grande conviction, tu n'y as jamais trop cru…Juste un peu pour la forme et puis parce que pour lâcher prise, il doit falloir être accroché.

 

Alors voilà, tu es là, tel Indiana Jones, au bord du précipice.  Mais, tu ne te sens pas vraiment l'étoffe d'un héro. Sauras-tu faire ce premier pas dans le vide ? Pas de sable à portée de main pour faire apparaître le passage…Est-il là ?

 

Je te souris de l'autre coté. Tu me regardes et tu te dis que mon regard doit être ton filin de sécurité. Tu penses que si tu as suffisamment foi en moi, tout ira bien…

 

Mais tout de même, c'est du vide ! Tu n'es pas sûr, et si j'étais une sirène, juste un appât appétissant, pour entraîner ta chute ? Tu jettes un œil cherchant à jauger la dégringolade potentielle. Il n'y a pas de fond que tu puisses distinguer. Tu hésites, tu as peur…

 

Pourtant, c'est en toi seul que tu dois croire, tu ne saurais être un leurre pour toi-même…Ecoute ce que te souffle l'intuition ! Cet acte de foi, cet acte d'Amour, je n'en suis ni la source, ni l'objet. Tu disposes de tout ce dont tu pourrais avoir besoin juste là. Je le vois briller, inonder l'abîme de lumière, vaincre les ténèbres. Ouvre les yeux, regarde-toi dans la psyché, regarde comme ta noirceur brille !

 

Viens ! Fais un pas !

 

Fais le, ce dernier pas de l'illusion de souffrance! Fais-le, ce premier pas d'équilibre! Seule la peur te retient encore ! Mais qu'as-tu à perdre ? Regarde derrière toi, c'est à cela que tu t'accroches ? Crois-tu seulement que cela t'appartienne ?

 

Allez ne réfléchis pas, viens !

"Ne t'en vas pas au dehors, rentre en toi-même ; au coeur de la créature habite la vérité." Saint Augustin

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Étranges créatures

Dépouillées d'apparences

Sans bouger évoluent nues

Indécentes de lumière

 

Étranges créatures

Les vêtus veulent habiller

Offrir leurs manteaux de peur

Pour mieux les réintégrer

 

Étranges créatures

Écoutent sans juger

Ne veulent rien et ont tout

Existent en transparence

 

Étranges créatures

Vaccinées du quotidien

D'un mot peuvent décoller

Fusionner sans assimiler

 

Étranges créatures

Dompteuses de feu

S'immolent au brasier

Sans se consumer

 

Étranges créatures

Se trouvent toujours là

Constante de l'univers

Illuminent la mer

mercredi, 08 novembre 2006

Un mot

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 Courtesy Blue Ridge Muse
Un mot.

Un mot usé, abusé, confondu. Un mot qu'on dit sans le penser parce qu'il élude la pensée.

Un mot qui s'évade tout seul, et puis que certains, pris de panique, tentent de rattraper, comme s'il était possible de récupérer ce qu'on n'a jamais possédé, ce qui n'appartient ni à ceux qui l'ont dit, ni à ceux qui l'ont entendu.

Un mot qu'on croit planter parfois comme un étendard dans un autre cœur en signe de propriété, mais qui ne porte jamais que les couleurs de l'abandon.

Un mot, celui qui stigmatise la peur, celui qu'on croit nous perdre mais qui seul a le pouvoir unique de trouver. Un mot qui fait fuir les chevaliers en armure.

Un mot dont l'éclat aveuglant reste visible pour le miroir, même une fois enfermé dans la naphtaline d'un coffre-fort réputé inviolable.

Un mot, dont le sens se noie dans la nuit des temps, un mot sans lequel l'humanité est animale.

Un mot jeté là, sur l'aile du vent, en épilogue à un message automatique, malgré la promiscuité d'une foule en délire, ou lâché une nuit d'ivresse, comme on lâche du lest,  pour que la montgolfière s'envole, ou simplement chantonné en boucle comme le refrain d'un air populaire.

Un mot, puisé dans la virginité des coeurs usés, qui arrache au quotidien pour invoquer le néant. Un mot qui révèle la vraie nature de l'éclat.

Un mot comme l'implosion délicate d'une clochette de muguet rutilante de rosée sous les faisceaux infra-verts d'un astre ajourné.

Un mot vocalisé silencieusement jusqu'à l'oubli, juste un mot d'Amour.