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samedi, 29 juillet 2006

"La douleur, c'est le vide." Jean-Paul Sartre


podcast

Ne pas penser.

Surtout ne penser à rien.

Débrancher les larmes.

Peut-être qu'en faisant le vide complet peut-on se sentir moins vide, moins vidée, moins abandonnée, moins inutile, moins impuissante.

Réussir à anesthésier le manque, l'effacer, le remplacer par le néant, lui subsituter une parfaite vacuité, l'échanger contre l'oubli, l'anéantissement, la suppression, l'érradication.

Se concentrer juste sur un souffle, le prochain. Abstraire tout le reste, juste inspirer du bout du coeur, exangue, ralentir encore dans un soupir et expirer délicatement pour ne pas le briser. Fin cristal fissuré de toutes parts, un courant d'air et il ne reste plus qu'un tas de cendre.

Consummer l'absence jusqu'à la dernière étincelle, jusqu'au dernier soubressaut de lumière.

Et puis jouir, encore, encore, encore, encore. Jouir d'une jouissance incongrue, hors sujet, hors contexte, de ce plaisir indescriptible de la 8ème Marche. Se concentrer juste sur un orgasme, le prochain. Dernier amarre avant la dérive, le naufrage, la perdition.

vendredi, 28 juillet 2006

"Quand on est enfant, on n'a pas de mains, on a des menottes, alors on est très attaché à ses parents." Vincent Roca

Maintenant qu'il est "attaché" notre fillot est transformé... Il a enfin le visage detendu et confiant d'un petit garçon épanoui de 7 ans et demi.

Bien sur, ses "araignées" viennent encore le hanter parfois et il lui arrive aussi de se laisser tenter par ses shémas de relation négative, mais soit il s'autorégule, soit l'application de nos stratégies se révele efficace.

En regardant ces près de 3 ans qui nous ont été nécessaires pour en arriver là, il paraît évident que ce parcours a été presque plus le mien que le sien, avec clairement une accélération du changement dans les 6 derniers mois...depuis les premiers billets sur ces pages.

Au plus fort de la lutte contre l'infertilité, alors que face à l'inconpréhension totale parfois meme la culpabilisation de nos proches et de nos amis, nous cherchions de l'aide, n'importe quel soutien qui aurait pu mettre un sens sur cette ineptie, j'avais été choquée de constater que tous les groupes de soutien et autres associations avaient été crées par des couples qui avaient finalement réussi à procréer au bout d'un nombre d'années considérable et souvent aux prix d'efforts héroïques contre tout pronostique médical. Tous étaient là pour entretenir l'espoir, un espoir qui était déjà le nôtre chaque mois, puisque qu'aucune cause connue d'infertilité n'avait été détectée chez nous... Voyez cher couple infertile, si vous essayez assez fort, comme nous, vous y parviendrez! Une seule question m'obsédait, comment gérer l'échec? Comment regarder un enfant sans pleurer? Comment ne pas culpabiliser ses amies lorsqu'elles "tombent" enceintes presque sans le vouloir, ou son frére qui précipite un marriage parce qu'il attend un heureux évènement et qui n'arrive pas à le dire, malgré toutes les perches que je lui tends, et qui finit par le faire en larmes au moment du départ...Pas de litérature, ni assistance d'aucune sorte à part un psy qui devait penser que mon infertilité venait de la psychose de Maman qui est sensée être héréditaire et propose un travail de longue haleine...Et donc, c'est seuls que nous avons fait face...Juste nous, tant bien que mal...Avec au fond de nous le sentiment qu'il doit y avoir un sens à cette souffrance...

Et oui, il y avait bien un sens, nous étions "faits" pour adopter ces 2 petites ames perdues...

Pourtant, le défi dans lequel nous nous sommes engagés dépassait largement nos attentes les plus pessimistes. Il y a tout juste un an, si j'avais blogué (malgre l'arthrite), ces pages auraient parlé de ma terreur d'être la Maman d'un futur tueur en série...Et à nouveau, nous avons été confronter au même mur d'incompréhension de nos proches et de nos amis, et si vous aviez commenté, certains auraient dit des choses comme "Avec assez d'amour tout est possible", sans comprendre à quel point un enfant atteint d'un tel trouble est doué pour empêcher la figure maternelle, centre de sa colère contre le monde des adultes, de l'aimer...Sans comprendre la dynamique relationnelle familiale qui ne s'exprime jamais hors du cadre du foyer...Sans comprendre que l'amour n'est pas suffisant... Et une fois de plus, face a un obstacle qui me semble insurmontable, je me documente, je cherche, j'apprends, je synthetise. A nouveau peu, fort peu de literature ou de recherches sur ce sujet relativement nouveau, mais j'absorbe tout comme une éponge, et j'assemble ma propre thérapie à partir de ce que je parviens à glaner ici et là et en laissant parler mon intuition et celle du Prince (qui lui aussi aurait trés bien pu devenir un grand pervers, mais c'est une autre histoire). D'abord, il a fallut accepter que la mère est la personification de sa douleur, que c'est toujours contre moi que sa colère est dirigée mais que ça n'est pas personnel. Et ensuite, il a fallut comprendre ses propres troubles de l'attachement pour pouvoir apprendre les gestes maternels jamais reçus, particulièrement ceux de consolation et d'apaisement. Et enfin, nous nous sommes apprivoisés à l'aide de quelques rites...
Rite N° 1: Fillot désire quelque chose, il ne l'obtiendra pas s'il n'en fait pas la demande lui-mème (au lieu d'envoyer sa soeur) en regardant Maman dans les yeux. Et il en faut de la patience pour attendre que les mains se retirent du visage et que les yeux s'ouvrent...Et il en faut de l'opiniatreté pour ne jamais céder à la facilité de dire oui sans que la condition ne soit remplie...
Rite N°2: A toute colère du Fillot, justifiée ou non, réduire la distance physique entre lui et moi, jusqu'au touché...Là encore, on pourrait facilement sous estimer l'ampleur de cette tâche qui paraît si simple, mais chaque jour, ma détermination à me tenir à ce rite est testée.
Rite N°3: La fameuse chanson du soir, chaque soir, mème malade ou absente...Une chanson simple qui parle juste d'amour...

Il nous reste encore un long chemin à parcourir, mais au moins nous sommes à présent sur la bonne voie!

mercredi, 19 juillet 2006

"Prendre un enfant par la main Pour l'emmener vers demain, Pour lui donner la confiance en son pas, Prendre un enfant pour un roi." Yves Duteil

J'avais commence un billet...Et puis la vie m'a fait un cadeau unique ce soir...La vie m'a offert une premiere fois...Alors comment resister a l'envie de capturer cette emotion a chaud...

Parfois meme le plus quotidien des quotidiens peut offrir de merveilleuses surprises.

Tout commence par une soiree en famille agreable et detendue...

Bon, les parents sont detendus parce que Maman a travaille a la maison pour cause de defaillance de la climatisation et de visite des reparateurs, et Papa est rentre tot comme tous les jours et que cette heure c'est son heure...Alors quand Maman travaille a la maison, elle a toujours son petit bonus de 4 heures. C'est un cadeau d'autant plus apprecie que les enfants encore au camp, on peut deserter la chambre, investir les autres pieces et les autres meubles de la maison  et meme oublier la sourdine. Donc Papa et Maman sont bien detendus et s'echangent petits bisous, calins, fessees en gloussant a chaque fois qu'ils se trouvent a portee de mains.

Bon, les enfants sont detendus, et ca on sait pas trop pourquoi...Peut-etre parce que les parents le sont? Ils ont, pour un soir, enterre la hache de guerre frere-soeur, enfin presque, il ne faudrait pas perdre les bonnes habitudes tout de meme. Ils apprecient particulierement le poulet que Maman a fait marine et que Papa a grille avec ces delicieuses asperges et leur vinaigrette moutarde bien ferme. Ils ne sont pas qu'a moitie connaisseurs ces petits.

Bon, alors ca rigole bien autour de la table. Les pitchounes ont toujours des tas de trucs a raconter et plus particulierement le menu des bosses et egratignures recoltees a la piscine en effectuant des plongeons "accrobatiques". Et puis Maman a un petit coup de barre. Et pour cause, pas facile de dormir dans une moiteur humide de plus de 35 degres. Sans meme vraiment s'en rendre compte, elle pousse un petit soupir et baisse les yeux, quand...

Quand son fillot vient delicatement glisser sa main dans la sienne en lui caressant tendrement les doigts, sans rien dire. Maman, a cet instant, se souvient parfaitement pourquoi elle a toujours voulu etre Maman...Elle releve les yeux et trouve le regard confiant et rieur surmontant le sourire craquant du fillot qui prolonge encore sa caresse. Le monde peut bien s'ecrouler a present...Toujours la main du fillot dans la sienne, Maman va plonger dans les lagons du Prince qui a bien remarque ce geste spontane de compassion et qui est lui aussi aux anges...

C'est si simple parfois le bonheur...

lundi, 12 juin 2006

Pour Alexandre

Charlottesville est une petite ville charmante de 40 000 habitants et 20 000 etudiants lovee dans une plaine verdoyante et luxuriante au pied des Appalaches...

Petite cite remarquable a bien des egards, elle offre la particularite d'avoir eu comme residents trois Presidents successifs: Thomas Jefferson qui a fonde l'Universite en 1825 au coeur meme de la ville, James Madison et James Monroe. Elle en garde une farouche preservation des traditions et un gout prononce pour la culture. Un peu comme certaines villes de province, elle est tiraillee entre un snobisme bourgeois et le cosmopolitanisme genere par l'Universite et toutes les recherches qu'elle finance. Sans cet influx d'energie en provenance des quatre coins de la planete, son univers serait mortellement etouffant. D'ailleur, lorsque nous sommes arrives, on nous a fortement recommande avec notre famille bi-raciale de nous installer le plus proche possible du Centre. En effet, sorti du perimetre de la ville, on plonge dans l'Amerique rurale tres conservatrice d'un etat du Sud qui fut esclavagiste...Nous aurions eu peu de chance de nous integrer dans ce genre de milieu. Mais les etudiants sont comme un poumon et leur oxygene rend la vie ici tres douce.

Le climat y est agreablement tempere, peu de neige en hiver, des etes chauds et moites, des Printemps et des Automnes de veritables celebrations sensorielles. Le degre d'humidite y est assez eleve expliquant la luxuriance etonnante de la nature. On y trouve des fleurs, des quantites de fleurs et de senteurs, meme a l'etat sauvage, de Mars a Novembre. La nature tres boisee, avec une diversite d'essences impressionante,  y est une source d'emerveillement quotidien meme dans la ville. Souvent, les Appalaches accrochent de leurs cimes bleutees les nuages venus de l'Ouest et les empechent de se deverser sur la plaine, il fait donc generalement beau, et le bleu du ciel y est particulierement pur et intense.

Parce que c'est une ville ancienne pour ce pays si nouveau, elle ne se plie pas a certaines specificites des villes americaines. Elle n'est pas batie sur un quadrillage geometrique de rues numerotees mais laisse ses rues serpenter paresseusement au gre des ondulations de ses petites collines et meme, taquine, change parfois leur nom...Et puis surtout, elle possede une tres charmante rue principale (Main Street ou Down Town Mall) de style victorien, pietonne, et agrementee de restaurants et de cafes aux terrasses aguichantes et d'un Theatre-Cinema ancien tres "derniere seance" qui passe de vieux classiques. Souvent quelques etudiants profittent de la douceur du jour pour gratter leur guitare en echange de quelques pieces. On se croirait presque en Europe.

En synthese, par sa dimension tres humaine, son cote cosmopolite qui permet de tout y trouver et de tout y faire, son climat et sa nature plaisants, il fait bon vivre a Charlottesville :-)

mardi, 30 mai 2006

"Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant." Victor Hugo

En relisant mon petit livre d'or commence le 18 Aout 1988 a J-15 de mon premier grand depart pour les US en quete de mon Bachelor, j'ai eu envie de vous faire partager ce que mon Papy y avait consigne. J'ai beaucoup correspondu avec lui lors de mes longues expatriations, et plus que tous les livres que j'ai pu avaler, c'est lui d'abord qui a influence mon style. Plus de 10 ans qu'il nous a quitte, il me manque toujours...

30-8-88

Puissent les Dieux tutelaires t'accorder
Un ciel le plus souvent serein
Des nuages? Inevitables, c'est certain!
Mais dociles a mes voeux
Qu'ils passent, rapides, bientot evanouis
Que les vents, pour toi, ici ou la se fassent brises legeres...

Tres tot "raisonnable",
sache aussi "raison garder"
et sagement a l'occasion pallier,
ce que, de temerite,
ton prenom semblerait deceler.

Mais surtout...
Ecoute "ta chanson du coeur"
soigneusement, jalousement.
Retiens la,
compagne fidele et douce,
magicienne toujours,
parfois consolante.

Enfin,
que les jours de ta vie coulent...coulent...
nombreux et lumineux.

Des eclipses...?

Je les souhaite, rares, breves, in-consequentes aussi.

Bref,

des jours heureux!

Papy