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vendredi, 28 juillet 2006

"Quand on est enfant, on n'a pas de mains, on a des menottes, alors on est très attaché à ses parents." Vincent Roca

Maintenant qu'il est "attaché" notre fillot est transformé... Il a enfin le visage detendu et confiant d'un petit garçon épanoui de 7 ans et demi.

Bien sur, ses "araignées" viennent encore le hanter parfois et il lui arrive aussi de se laisser tenter par ses shémas de relation négative, mais soit il s'autorégule, soit l'application de nos stratégies se révele efficace.

En regardant ces près de 3 ans qui nous ont été nécessaires pour en arriver là, il paraît évident que ce parcours a été presque plus le mien que le sien, avec clairement une accélération du changement dans les 6 derniers mois...depuis les premiers billets sur ces pages.

Au plus fort de la lutte contre l'infertilité, alors que face à l'inconpréhension totale parfois meme la culpabilisation de nos proches et de nos amis, nous cherchions de l'aide, n'importe quel soutien qui aurait pu mettre un sens sur cette ineptie, j'avais été choquée de constater que tous les groupes de soutien et autres associations avaient été crées par des couples qui avaient finalement réussi à procréer au bout d'un nombre d'années considérable et souvent aux prix d'efforts héroïques contre tout pronostique médical. Tous étaient là pour entretenir l'espoir, un espoir qui était déjà le nôtre chaque mois, puisque qu'aucune cause connue d'infertilité n'avait été détectée chez nous... Voyez cher couple infertile, si vous essayez assez fort, comme nous, vous y parviendrez! Une seule question m'obsédait, comment gérer l'échec? Comment regarder un enfant sans pleurer? Comment ne pas culpabiliser ses amies lorsqu'elles "tombent" enceintes presque sans le vouloir, ou son frére qui précipite un marriage parce qu'il attend un heureux évènement et qui n'arrive pas à le dire, malgré toutes les perches que je lui tends, et qui finit par le faire en larmes au moment du départ...Pas de litérature, ni assistance d'aucune sorte à part un psy qui devait penser que mon infertilité venait de la psychose de Maman qui est sensée être héréditaire et propose un travail de longue haleine...Et donc, c'est seuls que nous avons fait face...Juste nous, tant bien que mal...Avec au fond de nous le sentiment qu'il doit y avoir un sens à cette souffrance...

Et oui, il y avait bien un sens, nous étions "faits" pour adopter ces 2 petites ames perdues...

Pourtant, le défi dans lequel nous nous sommes engagés dépassait largement nos attentes les plus pessimistes. Il y a tout juste un an, si j'avais blogué (malgre l'arthrite), ces pages auraient parlé de ma terreur d'être la Maman d'un futur tueur en série...Et à nouveau, nous avons été confronter au même mur d'incompréhension de nos proches et de nos amis, et si vous aviez commenté, certains auraient dit des choses comme "Avec assez d'amour tout est possible", sans comprendre à quel point un enfant atteint d'un tel trouble est doué pour empêcher la figure maternelle, centre de sa colère contre le monde des adultes, de l'aimer...Sans comprendre la dynamique relationnelle familiale qui ne s'exprime jamais hors du cadre du foyer...Sans comprendre que l'amour n'est pas suffisant... Et une fois de plus, face a un obstacle qui me semble insurmontable, je me documente, je cherche, j'apprends, je synthetise. A nouveau peu, fort peu de literature ou de recherches sur ce sujet relativement nouveau, mais j'absorbe tout comme une éponge, et j'assemble ma propre thérapie à partir de ce que je parviens à glaner ici et là et en laissant parler mon intuition et celle du Prince (qui lui aussi aurait trés bien pu devenir un grand pervers, mais c'est une autre histoire). D'abord, il a fallut accepter que la mère est la personification de sa douleur, que c'est toujours contre moi que sa colère est dirigée mais que ça n'est pas personnel. Et ensuite, il a fallut comprendre ses propres troubles de l'attachement pour pouvoir apprendre les gestes maternels jamais reçus, particulièrement ceux de consolation et d'apaisement. Et enfin, nous nous sommes apprivoisés à l'aide de quelques rites...
Rite N° 1: Fillot désire quelque chose, il ne l'obtiendra pas s'il n'en fait pas la demande lui-mème (au lieu d'envoyer sa soeur) en regardant Maman dans les yeux. Et il en faut de la patience pour attendre que les mains se retirent du visage et que les yeux s'ouvrent...Et il en faut de l'opiniatreté pour ne jamais céder à la facilité de dire oui sans que la condition ne soit remplie...
Rite N°2: A toute colère du Fillot, justifiée ou non, réduire la distance physique entre lui et moi, jusqu'au touché...Là encore, on pourrait facilement sous estimer l'ampleur de cette tâche qui paraît si simple, mais chaque jour, ma détermination à me tenir à ce rite est testée.
Rite N°3: La fameuse chanson du soir, chaque soir, mème malade ou absente...Une chanson simple qui parle juste d'amour...

Il nous reste encore un long chemin à parcourir, mais au moins nous sommes à présent sur la bonne voie!

Commentaires

ici le mot Amour prend toute sa signification,ce mot par ailleurs si souvent galvaudé..

très beau et émouvant post

Écrit par : franc6 | vendredi, 28 juillet 2006

Que dire, J'ai eu la chance d'avoir une petite diablesse et un adorable tsunami, je ne sais si je pourrai te comprendre un jour,mais une chose est sur je peux que t'encourager sur ce long chemin.

Écrit par : le rat vit | vendredi, 28 juillet 2006

Merci franc6, ça n'est pas seulement de l'amour, l'amour ne suffit pas. C'est aussi le refus absolu de la fatalité. C'est aussi la rage de ne pas accepter que quelques drogués inconscients et pervers puissent définir une vie. C'est enfin une mission, une quete et une responsabilité..., J'ai souvent envie de baisser les bras, il est trés doué pour m'en donner l'envie, ça n'est pourtant pas envisageable à cause des conséquences de l'échec...
Ce que je désirai par dessus tout dans le fait d'être Maman, au delà de la grossesse et de la magie de porter la vie et de la donner, c'était ces moments de tendresse intime infinie qui n'existent vraiment qu'entre un parent et son enfant. En faisant le deuil de la fertilité et en choisissant de ne pas adopter un nouveau né, j'avais aussi fait le deuil de cette aspiration. Je suis aujourd'hui comblée dans un domaine que j'avais précieusement rangé dans la naphtaline...J'en déguste chaque instant avec d'autant plus de gourmandise que je n'attendais plus cette récompense de la vie.

Écrit par : Aude | vendredi, 28 juillet 2006

Merci le rat vit, ne boudez pas votre chance... Il est vrai que seules celles qui sont dans la même situation peuvent peut-être comprendre, et encore, chacune le vit probablement à sa manière. Merci de vos encouragements :-)

Écrit par : Aude | vendredi, 28 juillet 2006

je suis une mère avec enfant qui n'a pas eu de mère
je fais chaque jour de mon mieuxpour ne pas aimer mal, ni trop.
une foule de choses se bousculent dans ma tête en vous lisant mais je serai maladroite si je les écrivais.

Écrit par : laparhasard | vendredi, 28 juillet 2006

Ecrivez les laparhasard, je vous en prie...Vous savez a quel point je cheris tous les points de vues, surtout ceux qui ne sont pas le mien...Merci d'avance...

Écrit par : Aude | vendredi, 28 juillet 2006

Les commentaires sont fermés.