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samedi, 22 juillet 2006

"Les plaisirs de l'amour font oublier l'amour du plaisir." Alain

Ces pages evoquent depuis deja un certain temps l'Escalier de la Maturite en Amour chez la femme. En effet, n'etant pas un homme, il m'est difficile de dire si cette maturation sexuelle et amoureuse est similaire chez la gente masculine, bien que je soutienne volontiers que nous ne sommes pas si differents...Pour rappel, ce carnet a ete ouvert en meme temps que ma decouverte de la 7eme Marche.

Mais avant de decrire ces fameuses marches, revenons un peu sur la parabole de l'escalier. Dans mon experience, la maturite dans le plaisir est comme une evolution artistique. Sans doute parce que l'amour est un art, qui comme tous les arts lorsqu'ils sont pratiques avec talents, melangent un certain niveau de maitrise technique avec une sensibilite intuitive qui se fonde sur l'experience et la connaissance. Donc comme des artistes, nous ne progressons pas de maniere lineaire mais plutot par palliers successifs. On est sur une marche, on en explore les moindres recoins. Au bout d'un certain temps, on croit qu'on a fait le tour de la question, on continue tout de meme a furreter juste au cas ou on aurait manque quelque chose. Mais presque toujours, on acquiert la conviction qu'on maitrise bien, qu'on a plus grand chose a apprendre, que ca ne deviendra pas meilleur. Parfois meme, certains peuvent commencer a s'ennuyer tout comme un artiste deprime parce qu'il a la sensation de regresser...Cela arrive parfois dans la periode immediatement precedant l'accession au pallier suivant, on peut en effet avoir besoin de desaprendre pour aprendre et ca peut etre tres frustrant...Et puis, un beau jour, il y a comme un declic (souvent un partenaire mais pas toujours), et on se retrouve propulse sur la marche suivante. C'est un sacre choc. On croyait qu'on savait et on se rend compte qu'on avait en fait pas idee. Mais dans l'excitation, parce que ce nouveau sommet de plaisir est forcement enthousiasmant, on oublie vite et on se met a explorer ce nouveau territoire dar dar! Et puis ca recommence...Ou parfois avant meme qu'on ai eu le temps de vraiment tout decouvrir, bing nous voila sur la suivante et alors la c'est encore plus deconcertant! Ce qu'il y a de plus genial dans tous ca, c'est que l'escalier qu'on pourrait croire limite a 7 marches, en compte au moins une de plus, et que donc il pourrait bien etre sans fin! L'Escalier de Mobius...

1ere Marche: la Decouverte
Ayant deja raconte en partie la mienne et ne la considerant pas vraiment comme un cas typique, nous n'allons pas nous eterniser sur la description de ce stade evident. Les premiers emois sensuels, les premiers attouchements souvent maladroits, le premier passage a l'acte. A partir du moment ou l'on est initie, on est deja sur la marche suivante.

2eme Marche: les Balbutiements
Sur cette marche la, on tatonne. On commence a acquerir un peu de technique, surtout on se decouvre avec plus ou moins d'enthousiasme. On confronte son idealisation a la realite, et ca peut s'averer rejouissant ou terrifiant selon les individus. On commence a deconstruire les mythes qu'on s'etait forges. A ce degre, il est facile de confondre orgasme et amour, l'intimite du sexe avec une veritable relation. Rares sont les unions nouees par deux partenaires sur cette meme marche qui resistent, parce qu'a ce stade, on se sait meme pas encore qui l'on est .

3eme Marche: l'Exploration
Tel les Peres Fondateurs fraichement debarques du Mayflower, l'exploration commence souvent grace aux indigenes qui nous apprenent d'abord a survivre des fruits de ce nouveau territoire. Suivant les rencontres que l'on fait et la maturite de ces dernieres, l'exploration sera plus ou moins aventureuse, plus ou moins debridee. Sur cette marche on est une veritable eponge et l'on s'imbibe de l'experience des partenaires, on essaie beaucoup de choses, c'est le temps de l'experimentation, la marche de tous les exces.

4eme Marche: les Preferences
Sur la 3eme on a beaucoup experimente sans distinction, juste pour voir. Ici on se pose, on s'installe, on s'approprie ce qu'on a apris. On connait a present ses preferences, on est donc plus selectifs dans le choix des partenaires et l'on recherche ceux qui partagent les gouts que nous avons developpes. Moins malleables, plus a la recherche de sensations specifiques et encore assez egocentric. On apprend a s'aimer. C'est une marche sur laquelle il est facile de rester coince.

5eme Marche: la Conquete
On se comprend a present mieux, on sait ecouter le chant de son corps et de son coeur. A cette etape, on  se tourne beaucoup vers l'autre, on comble le fosse qui nous separe de nos partenaires, faisant souvent passer leur plaisir avant le notre. On recherche le partage. On apprend a aimer l'autre. C'est une marche ou l'on peut facilement s'oublier.

6eme Marche: la Maturite
C'est le degre de l'equilibre. Toute notion de rapport de force ou de pouvoir c'est evanouie. On entretien des relations honnetes, franches, ce qui n'enleve rien a la seduction mais elle s'exerce sans equivoque, sans manipulation, en pleine conscience, plus comme un ballet bien regle que comme une conquete. On est en pleine possession de ses moyens, on connait bien sa musique charnelle et amoureuse. On la joue avec facilite comme un duo. Sans les bons partenaires, il sera difficile de depasser ce stade qui est deja merveilleux car il est celui ou l'on  apprend a se laisser aimer.

7eme Marche: le 7eme Ciel
Nirvana, Paradis, extase, c'est l'etape de la communion entre deux etres. Il n'y a plus de Toi et Moi, il n'y a plus que Nous...On se detache de la notion de performance, de la possession.

8eme Marche: l'Amour Spirituel
"Nous" fusionne avec l'Univers. L'espace et le temps disparaissent. On accede a une nouvelle conscience artistique qui offre une perspective neuve des oeuvres les plus geniales. On entre dans une dimension parallele ou les inities se font rares, mais ou la communication entre eux s'etablie d'ame a ame. La fusion est telle qu'il n'y a presque plus besoin de s'ajuster l'un a l'autre, toutes les corrections se font naturellement, sans effort et sans douleur, l'un anticipant l'autre et vice versa.

 

Sur quelle marche croyez-vous etre?

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Commentaires

sans contrefaçon je ne conçois le plaisir qu'entre la 6ème et la 7 ème marche,il m 'arrive de mettre un pied de temps à autre sur la 8ème...

nb. merci de ton passage,je vais lire plus en avant ton espace et qui sait, peut-être , savoir comment t 'apprivoiser... :)

Écrit par : franc6 | samedi, 22 juillet 2006

La découverte...

Écrit par : pyrome | samedi, 22 juillet 2006

bonjour Aude, moi j'oscillerai plutôt entre la 5ème et 6ème étape avec un atterrissage parfois sur la 8ème - bien que la partageant en partie, je trouve votre analyse un peu ydillique, et l'étape de l'enfermement, de la domination de l'un sur l'autre de l'égoïsme subi ?...
bon je voudrais terminer avec un peu d'humour et avoir votre avis, d'accord ?
Clémenceau disait : "Le plus beau dans l'amour, c'est quand on monte l'escalier"
bon c'était juste pour rire - amitiés

Écrit par : daniel | samedi, 22 juillet 2006

Avec le ton capricieux de Sartre dans "les mots", je les exige toutes et tout de suite!
En tout état de cause, c'est une belle description, précise.
Un très beau lieu ici, je reviendrai sans aucun doute...

Écrit par : Ryan | samedi, 22 juillet 2006

Merci franc6...Je n'arrive pas a conceptualiser d'etre entre 2 marches voir de faire des incursions sur la suivante. En ce qui me concerne, et je ne l'ai peut etre pas exprimer clairement, le passage d'une marche a l'autre n'est pas une progression mais une revelation soudaine et une fois sur une Marche je ne redescends pas (meme en perdant le partenaire qui m'a permis de l'atteindre, ce qui fut le cas pour la 8eme.)
Quand a m'apprivoiser...tout un programme ;-)

Écrit par : Aude | samedi, 22 juillet 2006

Pyrome...la decouverte de la 8eme ;-)

Écrit par : Aude | samedi, 22 juillet 2006

Merci daniel...je connaissais cette citation, merci pour le sourire :-)
Vous avez raison, il y a beaucoup de perversions possibles surtout au niveau des 3eme et 4eme Marches puisque ce sont des stades tres egocentriques. Ces perversion nous bloquent parfois pour toujours. Il faut avoir a appris a s'aimer, puis aimer l'autre, puis se laisser aimer pour evoluer...

Écrit par : Aude | samedi, 22 juillet 2006

Merci et bienvenu Ryan, votre univers ne manque pas de charme non plus :-)
Tout, tout de suite, je ne connais que trop bien cette exigence meme si la 8eme Marche rend plus philosophe ;-)
Pourtant, j'essayais d'exprimer que lorsque l'on est sur une Marche, on a pas de vision de la suivante...Les Marches ne sont pas des objectifs a conquerir...Pour ma part, j'ai cru a chaque etape, et peut etre suis-je naive, que j'avais atteint le sommet des possibilites dans ce domaine...Enfin plus maintenant ;-)

Écrit par : Aude | samedi, 22 juillet 2006

" Quand a m'apprivoiser...tout un programme ;-) "

bon,ben tampis pour moi alors et comme " il n 'y a pas de marchands d 'amis "...

le plaisir n 'est pas un concept,il existe ou n 'existe pas,en fait, c 'est comme l 'amitié ou l 'amour finalement

Écrit par : franc6 | samedi, 22 juillet 2006

franc6, "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage." La Fontaine :-)
Vous avez raison le plaisir n'est pas un concept, et l'escalier n'est qu'une parabole pour decrire l'evolution d'une femme. Il n'est peut etre pas applicable aux hommes en fait...

Écrit par : Aude | samedi, 22 juillet 2006

point de force,encore moins de rage ,ce n 'est pas mon mode de fonctionnement..,juste une notion

" du temps qui passe qui est le temps qui reste "

femme-homme,homme-femme : hum...:

http://www.aaeebi.com/aaeebi/modules.php?name=News&file=print&sid=424

bon week-end

Écrit par : franc6 | samedi, 22 juillet 2006

Et bien .. pour moi la première marche :$

Écrit par : Manu | samedi, 22 juillet 2006

Merci franc6 pour cet article edifiant qui confirme ce que je tentais d'exprimer en re-ecrivant "Ma tete, mon coeur" de Grand Corps Malade en version fille: http://supplementd-amesoeur.blogspirit.com/archive/2006/05/16/ma-tete-mon-c%C5%93ur-version-fille.html
Excellent week-end a vous aussi :-)

Écrit par : Aude | samedi, 22 juillet 2006

Il faut bien commencer quelque part Manu, c'est une aventure extraordinaire :-)

Écrit par : Aude | samedi, 22 juillet 2006

Comme un gamin, je m'amuse à monter et à redescendre les marches. Ça me conserve une certaine jeunesse.

Écrit par : Marcel | samedi, 22 juillet 2006

Idee sympathique Marcel, mais non merci, sans facon, trop souffert pour arriver jusqu'ici!

Écrit par : Aude | samedi, 22 juillet 2006

Je pense aussi être entre la 6 et la 7ème marche, où on ne peut pas rester toute une vie... on reste rarement à deux, quand on se met à deux.
Parfois la 8ème est atteinte mais c'est pour redescendre aussi assez vite sur la 7, puis la 6.

Merci de cette ballade sur les marches de l'amour... j'ai lu d'autres notes, textes, poêmes...j'aime et reviendrai. A bientôt, donc.

Écrit par : philco78 | samedi, 22 juillet 2006

Merci et bienvenu philco78. J'aime bien aussi chez vous.
Pour les marches, avec tous ces commentaires masculins qui se rejoignent, je crois que je suis mure pour une autre note!

Écrit par : Aude | samedi, 22 juillet 2006

Plusieurs problèmes à l'escalier.
2 principaux.
Le premier est que rien n'indique la marche 2 précède les marches 3 et 4.
La confrontation avec l'idéal peut très bien survenir après l'exploration tous azimuts.

Le second est que l'étape 2 (qui, pour moi, vient après 3 et 4) est précisément la suppression de l'idéal de la 8ème marche.
L'idéal n'est pas celui de la femme, l'idéal à déconstruire est précisément celui de l'idéal. Qui est la la phase post-première marche.

Or, si l'on vous suit, chère Aude, rien ne dit que la marche 8 ne soit pas également la première, dans une sorte de grand tourniquet... Que l'amour est assurément... La marche 8, c'est comprendre que l'amour est un tourniquet...

Écrit par : pseudonymes1 | dimanche, 10 août 2008

hummm...cher pseudonymes1, avez-vous lu le deuxième volet de cette reflexion? Il semble qu'il y ait tout compte fait une différence dans l'expérience masculine, qui pourrait trouver son origine dans le rapport fort différent que l'homme et la femme entretiennent avec l'orgasme. Ce modèle s'applique toutefois assez bien à la créature sexuée femelle, dans la mesure, bien entendu, où il puisse être possible de théoriser un tel sujet ;)

Il n'en reste pas moins que l'idéal de la première marche est un "fantasme" issu principalement des conditionnements de la société, alors que celui de la huitième marche, et des suivantes, est un éblouissement qui se révèle par l'affranchissement de ces conditionnements. On peut donc en effet le voir comme un retour à la marche zéro...

Écrit par : @ude | dimanche, 10 août 2008

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