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vendredi, 16 mars 2007

le zen de la tartine

 

la résignation a ce petit goût familier
de réglisse à la violette
dont le filet sirupeux minuscule
s'écoule lentement dans la gorge
diffusant un bien-être expansif

la résignation porte
la douce amertume
de la délivrance
en crinière ébouriffée
comme un besoin négligé
assouvi par hasard
une goutte de rosée improbable
qui grise une fleur de cactus
une tension délaissée
qui se relâche
devant la considération
du doigt de glace

la résignation est une compagne
à la fidélité exemplaire
sur le sein ouvert
elle connaît par cœur
le tempo du lâcher prise
cet unique temps de la valse
quand la tête bascule en arrière
que la vue se brouille
illuminée par la pâleur du plafond
et que l'ivresse redessine le rêve
atrophié au point de conciliation

la résignation enfante la compassion
en assassinant l'appropriation maladive
pour polir l'ange
au plus profond du marbre

la résignation est maîtresse
des mousquetaires du vent
courtisane dangereuse et surdouée
experte en arts primitifs du plaisir
odalisque invisible
à la volupté insaisissable
elle est le début et la fin
charmeuse de mythes venimeux
à la peau d'albâtre transparente
envoûtante diva
de mélodies ensorcelantes
en crescendos ronronnants
de cascades jouissives

la résignation est condition
de folie amnésique
tendre épouse
de l'instant sauvage
esprit de sang
source de paix

jeudi, 15 mars 2007

déliraude #43

Au sommet d'une boucle d'or aromate
Suspendus au calme parme de l'urgence
Quelques mots égarés d'extase écarlate
Carillonnent libres éclats de présence

De subtiles chorégraphies acrobates
S'enivrent les calligraphies de l'absence
Résistances au plaisir échec et mat
Dans le berceau innocent de la confiance

déliraude #42

Brûlée de sourires
Laisser cueillir
Chaque soupir
Narcisse sauvage
Sans plumage
Ni ramage

Partager le plaisir
Sans retenue offrir
Et se laisser mourir
S'effacer sans hommage
Pour ouvrir le passage
Aux enfants pas sages

mercredi, 14 mars 2007

déliraude #41

Décomposition hallucinée du moment
Dans la vision bleutée de béantitude

Extraction chirurgicale du doux élan
Quand grisé par la valse le coeur titube

miroir, ô beau miroir

L'édifice déjà fragile et vacillant s'écroule en silence. Ce qui reste de l'épave charnelle veut encore faire sa loi et prétend imposer toute l'impuissance de la douleur, en vain. Les hémorragies du corps ne sont que maigres ruisseaux comparés à l'hémophilie du coeur, torrent rageur dont la stérile colère ne laisse derrière elle qu'une traînée de fertile douceur. Contemplé par la bienveillance encourageante de la transparence, le miroir, ô beau miroir, s'absorbe dans un reflet nouveau à la fraîcheur irrésistible.

se taire

Apprendre à se taire, comme un vœux de chasteté.  Exterminer l'inessentiel, systématiquement, jusqu'à l'extinction finale, pour épouser le silence.

Apprendre à entendre, à percer la séduction glacée des mots, tout en se laissant ensorceler, volontairement.

Apprendre l'humilité prodigue de la poupée de chiffon.

Apprendre à aimer.

mensonge

Une odeur de mensonge tangible au point de pouvoir presque saisir sa gluante viscosité, comme une ombre transparente, comme une amertume sucrée, comme une main de pierre glacée dans un gant de velours brûlant qui enserre le cœur, entre flatterie égotique d’une tentative non sollicitée de protection et  incrédulité face à l’insulte à l’intelligence, à l’intuition, à la clairvoyance, à la force de la connexion.

Pourtant, tant pour le menteur que pour le menti, le mensonge n’est qu’une illusion de plus, tentative puérile de camouflage d’un passé passé ou d’un avenir sans avenir.

L’instant ne ment pas , il est toujours sincère
et le reste est sans conséquence, n’existant que dans l’imaginaire.

Alors rire au nez et la barbe du spectre du mensonge, imperméable aux questions insidieuses, ancré dans l’insolent plaisir de l’instant présent, indéboulonnable.

Mourir de rire !

mardi, 13 mars 2007

déliraude #40

Grondement de cataclysme, interférence sans fondement, comme une voix lointaine qui s'éteint d'un seul coup, comme la superficialité d'un silence intolérable. La précarité périclite dans une vrille incontrôlable. Le magma hémophile sous pression bout et jaillit obscurcissant l'azur.  Partout où le regard se porte n'est que chaos, bouleversement dans le déroulement surnaturel des évènements non-advenus de la fiction. Sur les murailles renversées ne se réverbèrent plus que d'étranges échos étrangers. Le miroir éclaté réfracte l'image fendue en flammes oxygénées par les larmes desséchées. Les pieds nus sur la braise, envoluter une comète dans un ballet visqueux de volupté, sortilège d'âme fondue pour aventuriers sans attaches. Une gaze délicatement rosée enveloppe la fin du monde d'un calme aveuglant. L'intensité s'effondre pour mieux s'envoler, sans témoin, juste pour la gloire de l'horizontalité de la clepsydre. L'amour est tout entier à son oeuvre.

autre journée

Telle une goélette tendrement enlacée par l’alizé câlin d’un raz de marée meurtri ou cette robe portefeuille profondément décolletée dont un pan vole soudain, découvrant la dentelle noire d’une jarretière, pour offrir la fine peau blanche de la cuisse à l’indélicate caresse du zéphire indiscret.

 

Telle une matinée d’hiver qui se prend pour le printemps ou cette voix masculine qui se fait femme pour célébrer la vie ou cette oreille féminine qui se fait homme pour contempler l’amour ou ces talons qui claquent au rythme entêtant des sifflements des oiseaux grisés de douceur.

 

Telle l’arabesque fluorescente qui ourle spontanément un nuage ingénu de l’aura incendiaire de l’astre vital ou le reflet brisé qui se répercute à l’infini sur les parois convexes de l’œil du cyclone ou la langue de feu surréelle qui vient pleurer sur le téton érectile.

 

Telle les mots qui ne sont pas dit mais entendus et ceux qui sont dits et jamais entendus , telle les vers qui ne sont pas écrits mais lus et ceux qui sont écrit et jamais lus.

 

Telle cette impression diffuse qui s’attache et se lâche pour se reposer un peu plus loin obstinée, telle ces lendemains du possible qui jamais ne se réalisent et ces improbabilités rocambolesques qui défient les lois de la statistique.

 

Telle l’oubli de l’attente quand l’omniprésence de l’absence s’impose indiscutable, telle l’abandon, telle le don, telle le sommet du fond.

 

Juste une autre journée gravée dans l’instant idéal.

 

lundi, 12 mars 2007

blessures

Comme un trésor perdu sans carte

Délivré de l’avidité des pirates

Puisqu’il faut que tu partes  

 

Les milles morceaux du cœur au vent

Pluie d’étoiles filantes se défilant

Repeignent la douceur en transparent  

 

Dans l’ombre fantomatique

Les impatiences multicolormatiques

Envahissent l’espace sarcastiques  

 

Chaque fois comme la première

Chaque fois comme la dernière

Hommage aux blessures sans guerre

déliraude #39

Tanguer dans l’avalanche lexicale, étouffer les résurgences mythologiques, les mains plantées dans le ciel comme les paratonnerres impotents d’une spirale vicieuse ascendante. Gasping for love, pouring love, looting love jusqu’au dernier soupir comme à la première inspiration du nouveau né scandant la toute puissance castratrice de la vie. Sacrifice ultime à la vague sublime, l’amour s’égare dans le Labyrinthe sans cailloux blancs, sans fil. Il déluge chaque passage de son fluide amniotique pétillant, excruciating  jubilation. Bercée par le ressac, roulée par la houle, la dépouille défunte s’emplit des cristaux translucides du sable purificateur et disparaît.

créature de passage

Rire aux éclats pour mieux pleurer

Comme pour l’inéluctable conjurer  

Feindre de croire les explications

Voiles indécents sur les émotions  

Encore et encore défier l’instant

Assourdir de l’intuition les croassements  

Rester créature de passage

Sans enchaîner l’élan sauvage  

Derrière les barreaux de la prison

Contempler la liberté jusqu'à déraison

Eden

Des pépites d’amour éclatent en transparence sous la peau et font éclore les myosotis narcissiques au sein même de l’épiderme embaumé. Au loin, tout près, une cascade étincelle de tendresse, entre orgasme déchaîné et douceur maternelle, murmure du cygne du Printemps bondissant de courbe en courbe. Une ondée de duvet de nacre illumine les vallées d’une canicule rafraîchissante. Un oiseau de paradis décline une mélodie d’arc-en-ciel au firmament embrasé. L’air est lourd comme une peau de loup et si léger, ouragan sans un souffle, prière de l’innocence au vice, luxure virginale. Une dernière fois se laisser séduire, ne pas résister à l’attraction fatale, aveugle au lendemain, laisser la brûlure de l’instant se diffuser, infuser le brin de doigts de soie, la gouttelette de rosée intime, la fine veine qui palpite de la sève intemporelle, pour dégrossir le quotidien de sa superficielle vulgarité et en révéler l’absolue beauté. Subir et offrir, faire subir et s’offrir, purifiés des artifices, retrouver le miracle d’Eden.

déliraude #38

Glorieux instant
Lambeau d'azur
Brut d'épanouissement
Joie la plus pure

Éclairs de soleil

Brûlures de la brise
Langueur printanière
La légèreté se grise

Sève palpitante
D'un calme angélique
Vie trépidante
Dernier soupir stoïque

dimanche, 11 mars 2007

déliraude #37

Étoiles et toiles au plafond

Ouvert en multi-pass
Aux ondées de soleil
Aux griffures de lune
Aux bains d'ambre et de jade
Minéraux désaltérants
Gorgés de feu apaisant
Riant des larmes de sève
Le sourire au coeur
L'émerveillement en virgule
Pâleur du jour au bord de la nuit

Étoiles et toiles au plafond

Pour initier l'illusion
A la tangibilité de la douceur
Pour effacer encore une projection
Et redevenir l'écran blanc neutre
Sans interférence
Juste un support
A l'absolu dissolu

Étoiles et toiles au plafond