Supplément d'âme sœur

Couchés sur le fond du ruisseau de jade
Enlacés au trépas de foudre fade

Les sanglots brulants de la Fender
Respirent les éclats d'air

L'instant délivre de tous les chagrins
Les dépressurise de chaque grain

Sérénade pour rebonds rebondis
Des lambeaux rapiècés plus forts de vie

L'incendie ne sait plus se rassasier
Par l'essence des larmes attisé

Dans une larme sel
Les anges rebels
Défragmentent l'arc-en-ciel

Dans un gouffre de dentelle
L'innocence appelle
Le mutisme ritournelle

De fièvres délires
En sagesse sevrés
Ne plus savoir que jouir
De l'absence incendiée

De patines patins
Par les sens déliés
Ne plus voir que mutins
Surpris d'astre envolé

De climax en orgasm
D'amour abusés
N'être plus que marasm
De l'instant sublimé

Aux confins confinés

De l’instant d’après d’avant

Bricolages déracinés

Enracinent les décomposants  

Par l’éther subjuguées

Créatures de néant

S’apothéosent atrophiées

Reliées par le déchaînement  

Possessions aliénées

Du vrombir des amants

De foudroiement désanimés

Renaissent aux rires des enfants

Rebondir d'étoile en étoile
Au firmament des profondeurs
Du plus intime  des chapiteaux

De cabrioles en vrilles inversées
De sauts de l'ange en triples boucles

Les voltigeurs enflamment les airs
Improvisant la mélodie du spontané

Pour graver la confiance météorique
A même les âmes en fusion
Et passer les murailles sans filet

Voix en écho sans pareille

Voix enragée de pleurs

Voix d’amour de douceur

Enracinée au cœur

Grandit et trémousse
Envahit et pousse
Unit en secousses

Cette voix au creux de l’âme
Juste un miroir de femme

D’ondulations incisives

En caresses passives

Se soumettre

A la profondeur

De l’émoi artificiel  

De modulations insidieuses

En exhalations vicieuses

S’accorder

A la délicatesse

Du miroir sans envie  

Sacre satiné

De plaisir divinisé

Quand les sens se perdent

Désarticulés

Déliés et reliés à l’instant

Sublime abandon

La vie

Fidèle amie

Lui accorder une confiance indéfectible

Inconditionnelle et sans cible

Ne rien en attendre

Accepter toutes ses offrandes

Sans discernement

Célébrer son avènement

Même lorsqu’elle paraît sombre

Alors elle comble

Au delà du rêve

Sans trêve

Bien plus que de vaines espérances

Elle accorde sa démence

Elle montre l’harmonie

Et puis l’amour inouï

En immersion sublime

Sans repère, sans film

Autre que la jouissance

Renouvelable transcendance

De l’essence de l’âme libre

Le corps et l’esprit vibre

Des opposés alliés

Fous à lier

De plaisir brut

Retrouver la naïveté

La fraîcheur inaltérée

Délivrée du temps

Affranchie des contraintes

Pure cascade d’un rire d’enfant

Même dans une voix éraillée par l’abus de vie

Absolue candeur assujettie à l’instant

Innocence originelle de la naissance perpétuelle

Ingénuité limpide émerveillée

Par l’apothéose de la sensualité désincarnée

La puissance n’est pas endogène

La puissance ne se possède pas

Agent exogène supérieur

Elle se révèle aux cœurs impuissants

Ecorchés des réflexes conditionnés

Dépouillés des conventions

Exorcisés des peurs

Peurs de soi

Peurs de l’autre

Excisés du désir

Désir de contrôle

Désir de possession

Illusions égotiques déshallucinées

Alors l’intensité monte

Inexorable raz de sensations

Acceptées

Contemplées

Sans interdit

Sans impossible

A bout de souffle

Repoussant le seuil de tolérance

Jusqu’à l’intolérable

Et plus loin

Sans limite

Clameur d’être

Impudique

Irrespectueuse

Tel quelle

Sans édulcorants

Sans colorants artificiels

Douce et brutale

Dominante et dominée

Belle et laide

Haïssable et aimable

Jusqu’au détachement des extrêmes

Fusionnés

Passionnément

Le coeur béant
Gouffre néant

La voix brisée
Voile braisé

L'émoi violé
Pure envolée

Chaste image
Dérapage

Le coeur néant
Gouffre béant

De sa source intarissable
L'Amour liquide ruisselle
Abreuve le moindre creux
Emplit tous les vides
De néant éblouissant
Festival de sens insensés
Hurlements murmurés
Caresses abrasives
Ouvrent le coeur en Paix
A la contemplation béate
De l'Amant souverain
Sans royaume ni chemin
Que celui du silence et des embruns
Arquant la croupe des soupirs
Toujours plus ouverte
Toujours plus intègre
Toujours plus abandonnée
Toujours plus orgasmique
Toujours plus rien et plus tout
Dans l'hymen de l'instant sacré

Tout glisse intimement
Semblable et différent

Comme une goutte d'or
Au fond d'un regard mort

Comme une poignée de fables
Entre les doigts de sable


Comme un instant fugace
Éclate dans une crevasse

Pour te regarder dormir
Humer tes rêves soupirs

Dans la douce folie de la brousse
Le point d'eau solitaire et tranquille
Attire les grands fauves sauvages

A la fontaine de ses yeux
Ils viennent se désaltérer
Ravivant l'essence du feu

Forts de l'énergie toute fraîche
Ils repartent hanter leur territoire
Chassant les gazelles fantomatiques

Et au vibrant crépuscule
Repus et assoiffés
Ils rallient le miroitement

Comme d'habitude

Sans comprendre
La fébrilité
La fièvre

Un fond de tristesse
Ou de lassitude
Ou de fatigue

N'explique pourtant pas
Le malaise
L'agitation

Les yeux rivés au soleil
Absorbés par ses arabesques incendiaires
Elle se joue de la distraction

Tranquille éminence de nacre
Patiente elle attend son heure

Et puis
Dans un nuage de poudre capucine
Son oeil de cyclope aveugle nargue

Satisfait de son effet