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mercredi, 24 mai 2006

"Je ne suis pas pour la femme-objet, au contraire j'aime bien quand c'est moi qui ne bouge pas." Pierre Desproges

Brodant sur l'inspiration de Grand Corps Malade, toujours d'humeur joueuse et un brin provocatrice, voila que l'envie de vous raconter ma premiere fois me taraude...

En preambule,  il me semble que contrairement a la pensee dominante, les hommes sont souvent plus romantiques que les femmes. (je vous l'ai dit, je me sens provocatrice ces jours-ci...) Songez-y, les plus beaux poemes, les plus belles musiques, les plus beaux tableaux evoquant l'amour ne sont-ils pas l'oeuvre d'hommes? Meme dans la Blogosphere, si l'on compare LaPorteSansPorte avec lesyeux ou L'espace prive de Madison et Histoires et Rêves de Lutin, lesquels sont les plus romantiques jusque dans l'evocation du sexe?

Ayant eu la chance d'etre "LE meilleur pote" d'un homme pendant quelques temps (c'est lui qui me presentait ainsi a ses amis, en rajoutant, "en mieux parce qu'on peut lui faire l'amour et qu'elle a..."), j'ai eu l'opportunite de participer a de nombreuses soirees "entre hommes", parfois dans des endroits ou les hommes n'emmenent ni leur femme, ni leur maitresse. Ils ne se genaient pas avec moi, me consideraient comme l'un d'entre eux, on finissait tout meme presque toujours par faire l'amour ;-) Pourtant, mon experience comparative des discussions entre filles est bien plus crue, plus terre a terre, plus directe et descriptive...

Donc ma premiere fois...

Pour rappel, c'etait bien avant que le Prince des Fleurs ne m'ai defloree au niveau des emotions et des sentiments. Vous pouvez en consequence imaginer que cette premiere fois fut assez denuee de romantisme...

 


Pour vous situer le contexte, j'etais amoureuse, pour la premiere fois, autant que quelqu'un qui n'eprouve pas de sentiments puisse l'etre (ou je croyais etre amoureuse) de Sami, le tunisien. On s'etait rencontres sur la plage en Tunisie ou je passais une grande partie de mes etes chez des amis de mes parents. L'ete de notre rencontre, j'avais refuse de faire l'amour la veille de mon depart, parce que...ca n'etait pas vraiment l'osmose sensuelle entre nous et nous etions tous les deux novices...nos premieres caresses m'inspiraient plus de repugnance que de plaisir...nous pouvions a peine communiquer (il parlait un Francais tres mediocre avec un fort accent et moi 3 mots d'arabe)...n'avions ni la meme culture, ni les meme centres d'interet...encore moins les memes attentes...bref c'est a se demander s'il y avait quoique ce soit pour justifier cette attirance reciproque pourtant bien presente...Si peut-etre la chaleur du sable, les bulles phosphoresentes des vagues sous un rayon de lune et plus probablement ses yeux. Il me regardait d'un air de Droopie alangui de tendresse dans lequel je me perdais...mon coeur battait la chamade en sa presence, et je tremblais en l'attendant, assez mysterieux tout de meme...Bref, je suis repartie encore vierge et j'etais bien decidee a acquerir un minimum d'experience avant l'ete suivant, et pour tout vous dire, il avait les memes intentions!

C'est donc sur fond d'un amour de toute evidence voue a l'echec que j'etais devenue parisienne pour la premiere fois en integrant l'Ecole d'Arts Appliques Olivier de Serre. Je partageais un studio de 18m2 pres de Denfert avec une cousine aussi en Ecole d'Art. Des les premiers jours de classe, Yannek m'a attiree. J'ai toujours eu un faible pour les hommes qui ressemblent un peu a des bebes (premonition d'infertilite?). Et lui, il etait craquant dans le genre, un leger embompoint, un visage d'ange un peu tenebreux, des dons artistiques certains temoignant de sa sensibilite...Je n'etais toutefois pas la seule...Notre studio etait un haut lieu de nuits blanches ou tous les fauches que nous etions (l'art est une passion qui coute cher) se soulaient a n'importe quoi et deliraient copieusement. Comme Yannek vivait dans un foyer qui avait un couvre feu, il etait toujours de la fete, mais a 20 ou 30 dans 18m2 enfumes et assourdissants, on ne peut pas dire que ca facilitait l'intimite. Il a tout meme reussi a se faire une des plus jolies filles dans la douche (qui etait dans les 2m2 de cuisine). Je n'etais pas jalouse ni meme decouragee, je savais que ce serait lui, il existait entre nous comme un fil sensuel invisible. Pour Mardi Gras, notre classe avait fabrique un char pour defiler dans les rues du 15eme. Etant la seule a posseder le permis, j'avais loue une minuscule Citroen Visa, pour tirer le char. Apres le defile et la fete qui s'en suivait, la liberte d'une voiture dans Paris etait une aubaine et ce fut un plaisir de raccompagner tout le monde, entasse dans la micro voiture. Mais l'heure du couvre-feu etait depuis longtemps depassee pour Yannek, il n'avait donc nul part ou aller. Moi je ne pouvais, ni ne voulais d'ailleurs, l'inviter dans notre Studio. Nous avons donc decide de continuer a rouler au hasard dans Paris pour profiter de la voiture. Et nous tournions, nous tournions, degustant la beaute de cette ville dans le calme du coeur de la nuit, jusqu'a ce que, profitant qu'un feu complice passe au rouge, il mette sa main sur mon genoux et s'approche pour un delicieux baiser. On est reste au feu bien apres qu'il soit repasse au vert puis a nouveau au rouge puis encore au vert...et encore au rouge...bon il n'y avait aucune circulation donc rien n'aurait pu enrayer la passion de ce baiser. Des que j'ai pu un peu reprendre mon souffle, j'ai propose de garer la voiture dans la contre-allee de ce grand boulevard. Je perlais de desir et il avait libere son sexe pour que je puisse le caresser. Ce geste etait encore un peu etrange pour moi malgre la pratique de Sami, mais c'etait doux, chaud, ennivrant. Les vitres etaient toutes embuees, nous isolant de l'exterieur. Je n'ai pas dit un mot, livree entiere a la degustation de ces  nouvelles sensations. Il m'a aidee, dans l'espace tres exigu, a retirer mon pantalon et ma culotte, il a baisse son pantalon et je suis venue l'enfourcher sur le siege du passager. Tout en m'embrassant, il me caressait a pleines mains, tantot les fesses, tantot les seins sous la robe en lainage psychedellique que j'avais gardee parce qu'il faisait encore froid. Lui portait un gros blouson de cuir dont l'odeur legerement humide restera a tout jamais associee au plaisir dans mon Pantheon des sens. Quand je revois la taille d'une Visa, je me demande toujours comment on avait bien pu faire...J'ai fini par prendre le sexe bien ferme qui caressait mes cuisses dans ma main pour le guider et puis d'un seul coup de reins, il a disparut en moi. La douleur, bien qu'attendue, m'a tout de meme surprise, mais l'excitation etait telle que j'ai entrepris sans hesiter le va et viens en roulant mes hanches, jusqu'a ma jouissance puis la sienne. Lui, comme fige par la surprise, avait a peine bouge et m'avait laissee tout controler. Nous sommes reste encore enlaces quelques instants et j'ai pu le sentir redevenir petit en moi laissant sa semence, mon sang et mon plaisir degouliner de mes cuisses aux siennes. Ensuite, alors que nous essuyions le melange rougeatre qui s'etait repandu un peu partout, il m'a demande: "Pourquoi ne m'as tu rien dit?" Je lui ai replique: "L'aurais-tu fait?". Il n'a pas repondu. Nous savions tous les deux qu'il n'aurait pas voulu de cette responsabilite puisqu'il n'eprouvait pas de sentiments vis a vis de moi, c'etait un garcon bien. Il avait aussi compris que je n'etais pas non plus amoureuse de lui.  J'ai repris le volant et nous avons roule un peu aux toutes premieres lueurs de l'aube pour finalement nous garer sur le Champs de Mars (c'etait encore possible a cette epoque) juste sous la Tour Eiffel et nous avons regarde le jour se lever dans l'enchevetrement de metal en contre-plongee. Enfin, le jour a present tout a fait clair, je l'ai raccompagne au foyer. Nous sommes restes amis cette annee la, mais nous n'avons pas refait l'amour...nous n'en n'avons meme jamais reparle, il ne s'en est pas plus vante...Tout de meme, apres ca, il s'est calme avec les filles. Peut-etre son amour propre avait-il souffert d'avoir ainsi ete "utilise"?

Cette aventure m'a demontree trois choses. Premierement, s'il est possible d'aimer sans desirer, on peut tout a fait desirer et avoir du plaisir sans aimer. Deuxiement, le sexe occupe une place preponderente dans ma vie. Troisiemement, les hommes ont du mal a resister a une femme qui les desire, et reciproquememt (verifie maintes fois par la suite, il suffit en general de creer les conditions). Toutefois, depuis que le Prince des Fleurs m'a revelee aux sentiments et aux emotions, et tout en restant esclave de mon impetueux desir, je ne considere plus les hommes comme de simples objets de plaisir a consommer pour soulager une libido demesuree. Alors pour ne pas toujours tout reduire a la satisfaction de mes besoins physiques, il m'a bien fallut apprendre a gerer mes exces de desir par l'autoerotisme (ce qui est probablement plus facile pour un homme, en tout cas, ca m'a demande un apprentissage certain). Aujourd'hui, cet equilibre me permet d'aborder mes relations plus sereinement car elles ne sont plus seulement dominees par l'objectif de satisfaire mes pulsions mais aussi par le plaisir de decouvrir d'autres ames, d'autres spiritualites, d'autres manieres de ressentir, de jouir du monde et d'autres sensualites.

Commentaires

On dirait un mode d'emploi !
Votre idée que les hommes soient plus romantiques que les femmes n'est pas dénuée de sens si l'on considère que les hommes qui voudraient séduire, semblent ne pas entendre que les femmes puissent se satisfaire d'un discours plus direct. Il en est beaucoup pour croire que le romantisme est une manifestation de délicatesse propre à séduire les nostalgiques du conte de fée, mais de cette race, il n'y en a pas pour tous les incertains !
Que dire d'une société où chacun s'emploie à perpétuer le mythe de l'amour véritable, quand il est patent que seul le désir charnel compte dans la plupart des cas ?
Merci de dessiller les candides que nous sommes ;-)

Écrit par : Jimmy | mercredi, 24 mai 2006

waouwww.... un instant transporté vers ces émotions passées ... hummmm .. merci Aude ..
A Purple Dream

Écrit par : apurpledream | jeudi, 25 mai 2006

Merci Jimmy, pas sure que ca fonctionne pour tout le monde ;-)...Il faut peut etre savoir assumer ses sentiments pour accepter de se laisser guider par le desir. Et puis la concupiscence ne pourrait-elle pas au dela de la jouissance aussi etre le reflet d'un besoin d'intimite?

Écrit par : Aude | jeudi, 25 mai 2006

Oui A Purple Dream, quel souvenir!

Écrit par : Aude | jeudi, 25 mai 2006

La scène, je la vois parfaitement, si j'ose dire, ayant été longtemps au volant d'un C15 qui n'est autre qu'une Visa camionette.
Mais çà me fait surtout penser que j'ai, plus d'une fois, mais pas toujours quand même, par timidité excessive (une époque révolue), manqué certaines occasions de la vie.

Écrit par : Alain | jeudi, 25 mai 2006

Sourire Alain, je ne suis pas une femme menue, meme a l'époque et lui non plus n'était pas maigre...Comme quoi, la concupiscence a des effets étonants!

Écrit par : Aude | jeudi, 25 mai 2006

Merci d'avoir partagé l'intimité embuée de cette première fois qui est toujours une promesse suspendue entre vertige et déception.
Je te raconterai peut être la mienne un jour.

Je me souviens qu'une de mes amies m'a raconté que ce qui l'avait frappé lors de sa première fois, c'est qu'elle s'étati imaginée que ça durait toute la nuit. Elle trouvait que ça devait être fatiguant, mais elle s'était préparée à vivre ce partage jusqu'au petit matin, comme dans les films en noir et blanc où lorsque le soir le couple se s'embrasse sur le lit une caméra pudique panote vers le bouquet de fleurs et qu'en fondu enchaîné, le petit matin éclaire la fenêtre avant de revenir sur les amants éveillés.
11 minutes après le premier baiser, cette amie s'est sentie seule au monde, quand le garçon s'est rhabillé...
Elle s'est heureusement rattrapée depuis ... lol

Écrit par : Laurent Alankin | jeudi, 25 mai 2006

Merci Laurent, ça me plairait beaucoup :-)
C'est amusant cette histoire de ton amie...Je crois que je ne projetais pas vraiment ce que ça serait et que je me laissais juste porter par mes sens, mais ça n'est pas surprenant les relations hommes-femmes sont pleines de mythes, de mon point de vue, c'est plus simple...

Écrit par : Aude | jeudi, 25 mai 2006

Je vous relis avec plasir
on imagine toujours beaucoup de choses à propos de la première fois.
lorsque j'étais à l'école chez les soeurs une de mes canarades attendait le retour de dieu...mais elle disait toujours " il faut qu'il patiente un peu, je voudrai tellement "gouter" avant.

Écrit par : laparhasard | jeudi, 25 mai 2006

Merci laparhard, "gouter" c'est une bien jolie façon de le dire :-)

Écrit par : Aude | jeudi, 25 mai 2006

Le romantisme tout comme le sexe n'ont pas de sexe finalement ;-)

Et la premiere fois n'est souvent qu'une formalité. (serais-je aussi dans la provocation ? ;-D )

Bises Aude

Écrit par : Madison | jeudi, 25 mai 2006

Bonsoir Madison, la provocation serait-elle une charactéristique des Chevaux de Feu?

Écrit par : Aude | jeudi, 25 mai 2006

J'aurai aimé un souvenir de première fois aussi inoubliable.

Écrit par : pyrome | vendredi, 26 mai 2006

C'est vrai que c'est tout de mème un bon souvenir, merci Pyrome.

Écrit par : Aude | vendredi, 26 mai 2006

Les commentaires sont fermés.