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vendredi, 17 novembre 2006

trou

Tu as cueilli un à un les atours de pacotille, et tu les as regardé au creux de ta paume avec indifférence, sans même une plume de nostalgie.  Ta main est retombée le long de ton corps transparent et les morceaux de verre brisés se sont évaporés sans un souffle.

Dans cet état, l’essentiel devient superflu.

D’une seule inspiration, même ténue, le frisson remonte le long de ta colonne vertébrale et vient en onde de choc disperser la matière grise devenue halogène aux milliards de points cardinaux des milliards d’univers parallèles qui constituent le royaume du rien infini.

Niché là, au centre de l’anéantissement créateur luit l’Amour. Une petite poignée d’êtres lumineux le contemplent dans l’ombre de milliards d’individus qui s’agitent en tous sens et qui lui tournent le dos.

Tu ne parviens pas à t’extraire complètement de cette agitation souffreteuse et stérile.

Ta raison sait qu’il n’y à rien à faire, mais ton cœur ne peut s’y résoudre. C’est comme un trou au centre de ta poitrine, un trou béant de vide.

Alors parfois, tu tends la main vers les ombres, mais aucune ne la saisit.

Alors, plus souvent, tu pleures pour tous les agités du bocal, et tes larmes sont les linceuls temporaires de ces peines le temps d’un éclair.

Tu reviens ensuite à ta contemplation paisible, en compagnie du trou. Il fait partie de toi, tu ne cherches pas à le combler.

L’Amour luit.

Ca fait longtemps que vous savez…

Ca fait longtemps que vous savez…

La vie vous a rudement malmené, a multiplié de terribles épreuves, a parsemé le chemin aussi de plaisirs. Vous avez survécu, blanchi tel l’étalon en bout de galop, par le temps et la rudesse du parcours, tant et tant purgé, que vous en avez acquis une lucidité redoutable et que vous n’avez plus d’attentes. Vous êtes devenu cynique, savez vous détacher de vous-même pour vous regarder, critique et sans complaisance, en vous toisant d’un regard glacial et dédaigneux. Vous êtes votre juge le plus sévère. Plus question pour vous de vous laisser aller à la faiblesse de ressentir ou de croire en quelque chose, vous êtes au-delà des sentiments. Parfois, en suivant des yeux la danse du jupon de cette toute jeune beauté, vous seriez tenté de relâcher un peu la poigne de fer qui emprisonne votre cœur, mais pas question, « les histoires d’amour finissent mal, en général », à quoi bon, vous connaissez la fin, avant même de commencer. Alors vous remplissez votre vacuité d’adrénaline pure. Vous jouez à vous faire peur, vous démultipliez les parades de séduction, car sitôt séduite, sitôt incapable de retenir votre attention. Vous vous assurez sans cesse que votre charme opère et maintenez un fan club fourni en encourageant personnellement chaque adhérente avec des petits messages personnalisés. Elles, elles ne voient que la surface de l’armure rutilante que vous leur laissez voir, le spectacle bien rodé que vous avez monté à leur intention et qui vous assure un renouvellement permanent du cheptel. L’adrénaline est une drogue, et vous savez planifier intelligemment pour en garantir un stock inépuisable. Mais  comme à chaque fois il faut augmenter un peu la dose pour obtenir un peu de soulagement, ça fait longtemps que vous savez,… cette voie est sans issue.

Vous êtes là au bord du gouffre insondable et vous avez le vertige, votre regard ne peut se détacher de cette absence de fond…Vous entendez ma voix, mais ne levez pas le regard. La profondeur infinie vous attire et vous révulse tant que vous ne vous demandez même pas comment je me suis retrouvée de l’autre côté. Vous ne pouvez pas me voir. Perchée sur ce point infime d’équilibre, ça fait longtemps que je sais que je ne peux pas vous obliger à regarder la brillance que je vous réfléchis. J’essaie tristement d’attirer votre attention comme on ferait refléter les rayons du soleil dans un miroir, mais votre fascination pour l’abime analytique est trop forte…

Alors, je me contente d’être là…Alors, je perpétue le chant silencieux…Alors, je recueille chaque rayon…En attendant sans attendre, dans ce temps sans durée…Vous êtes si proche…

Ca fait longtemps que vous savez,... toute résistance est futile…

C’est là…juste là,…à portée d’un seul regard, d’un seul soupir, d’un seul pas, d’un seul mot…

Ca fait longtemps que vous savez…

 

jeudi, 16 novembre 2006

certitude

Nos certitudes sont les chatoyantes réverbérations de nos doutes.
Nos doutes fleurissent, précieuses orchidées de l'ombre de nos peurs.
Quand la peur se dissout en un éblouissement, les doutes s'envolent emportant les convictions et les opinions sur leurs ailes limpides.
En paix, les réponses sont aussi futiles que les questionnements, l'incertitude a la douceur d'un bain de miel et les énigmes ont la voix enchanteresse de la lumière.
Enfin se complaire de ne pas comprendre et accepter l'abandon.

mercredi, 15 novembre 2006

Bocal

Après le traditionnel cérémonial, les salamalecs de pingouins ampoulés et les dansent rituelles d'apprivoisement,


Après le déluge, le flot ininterrompu de signes et de messages, d'indices et d'énigmes, d'encouragements et d'avertissements,


Après le feu sauvage, le passage au crible des techniques de combats, le test de résistance du conditionnement et la mise à l'épreuve des réflexes guerriers,


Après la revue de détails du butin, indécent étalage d'un trésor non convoité,


Après la transfusion des dernières larmes de sang pour tenter d'apaiser un peu la soif insatiable du monstre,


Le spectre grisé s'envole retrouver sa chère neutralité alors que le temps reprend sa délicate distillation, indifférent à la rage de cet ouragan en bocal.

mardi, 14 novembre 2006

Contes de fées

Un voile éthéré de pluie vient caresser les ondulations brunes et bleutées de l’horizon. Tiédeur lascive d’une sieste un après-midi d’été dans l’ombre lumineuse d’une chambre grande ouverte sur la mer, ses rideaux de mousseline délicatement enivrés par la brise océane. Les rayons pastel d’un soleil de douceur percent ça et là au travers de dentelles de nuages et de ciel. Le ronronnement de 240 chevaux fait écho au vide de l’âme rassasiée. Le mirage est parachevé, bouleversant de beauté et de paix, comme si l’instant s’était arrêté bouche bée devant le panorama miraculeux, comme si aucune colère, ni aucune peur ne pouvaient trouver un point d’ancrage dans la magie du décor, comme si l’Amour ressemblait aux contes de fées.

Couple idéal

Lui, la possession.
Lui, il l’admire, l’adule, la vénère, son corps est son temple, il ferait n’importe quoi pour Elle, il irait jusqu’à la partager, il l’a partagée, il lui a fait des enfants. Et puis après Elle est devenue avant tout leur mère. Mais comme il l’a statufiée et érigée sur le plus haut piédestal qu’il a réussi à élever à sa gloire,  Elle est restée son monde, tout son monde, même inaccessible, même indisponible. Elle est restée son paratonnerre à pulsions, son baromètre et sa boussole. Il croit qu’il peut la rendre heureuse, ou du moins il l’a cru. Il pense qu’il la tient grâce à sa baguette magique. Il faut dire qu’Elle n’a jamais démenti, même si Elle fait peut-être partie de cette majorité résignée qui ne connaît pas l’orgasme. Mais Lui ne le saura jamais, Elle ne rompra pas le pacte des femmes, il se sent si invincible quand Elle hurle pour Lui, quand Elle tremble pour Lui. Lui doit garder cette fierté.

 

Elle, l’émancipation.
Elle, elle a l’impression que sa vie ne lui appartient pas, qu’elle n’a jamais vécu pour Elle, qu’elle a toujours fait ce qu’on attendait d’Elle, en bon légionnaire.  Etre son épouse à Lui, la mère de leurs enfants, ça ne la définit pas. Ca n’est pas sa vie, même si c’est elle qui l’a choisit Lui, même si c’est elle qui voulait des enfants. Non, elle leur a sacrifié ce qui aurait du être son conte de fées. Un coup de baguette magique le dimanche, ça ne suffit pas. Après toutes ses années et même avec toute la poudre de perlimpinpin, la baguette a perdu sa magie, si elle n’en avait jamais eu ailleurs que dans ses fantasmes. Au fond, elle sait que Lui n’y est pour rien, mais qu’il continue de vouloir la protéger sans la moindre contrepartie témoigne de la permanence de son pouvoir sur Lui, c’est bon pour son ego, elle en a besoin pour aller jouer la comédie à d’autres baguettes qui seront peut-être magiques…

 

Nous, c’est ainsi qu’ils parlent d’eux, Nous n’a jamais vraiment existé.

Simple obéissance à un instinct pour Elle, juste une illusion pour Lui…

Alors un jour, le légionnaire se demande pourquoi…

Et puis, le légionnaire s’arrête…

 

Pourquoi pas ?
 

L’Amour est ailleurs…