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vendredi, 17 novembre 2006

Ca fait longtemps que vous savez…

Ca fait longtemps que vous savez…

La vie vous a rudement malmené, a multiplié de terribles épreuves, a parsemé le chemin aussi de plaisirs. Vous avez survécu, blanchi tel l’étalon en bout de galop, par le temps et la rudesse du parcours, tant et tant purgé, que vous en avez acquis une lucidité redoutable et que vous n’avez plus d’attentes. Vous êtes devenu cynique, savez vous détacher de vous-même pour vous regarder, critique et sans complaisance, en vous toisant d’un regard glacial et dédaigneux. Vous êtes votre juge le plus sévère. Plus question pour vous de vous laisser aller à la faiblesse de ressentir ou de croire en quelque chose, vous êtes au-delà des sentiments. Parfois, en suivant des yeux la danse du jupon de cette toute jeune beauté, vous seriez tenté de relâcher un peu la poigne de fer qui emprisonne votre cœur, mais pas question, « les histoires d’amour finissent mal, en général », à quoi bon, vous connaissez la fin, avant même de commencer. Alors vous remplissez votre vacuité d’adrénaline pure. Vous jouez à vous faire peur, vous démultipliez les parades de séduction, car sitôt séduite, sitôt incapable de retenir votre attention. Vous vous assurez sans cesse que votre charme opère et maintenez un fan club fourni en encourageant personnellement chaque adhérente avec des petits messages personnalisés. Elles, elles ne voient que la surface de l’armure rutilante que vous leur laissez voir, le spectacle bien rodé que vous avez monté à leur intention et qui vous assure un renouvellement permanent du cheptel. L’adrénaline est une drogue, et vous savez planifier intelligemment pour en garantir un stock inépuisable. Mais  comme à chaque fois il faut augmenter un peu la dose pour obtenir un peu de soulagement, ça fait longtemps que vous savez,… cette voie est sans issue.

Vous êtes là au bord du gouffre insondable et vous avez le vertige, votre regard ne peut se détacher de cette absence de fond…Vous entendez ma voix, mais ne levez pas le regard. La profondeur infinie vous attire et vous révulse tant que vous ne vous demandez même pas comment je me suis retrouvée de l’autre côté. Vous ne pouvez pas me voir. Perchée sur ce point infime d’équilibre, ça fait longtemps que je sais que je ne peux pas vous obliger à regarder la brillance que je vous réfléchis. J’essaie tristement d’attirer votre attention comme on ferait refléter les rayons du soleil dans un miroir, mais votre fascination pour l’abime analytique est trop forte…

Alors, je me contente d’être là…Alors, je perpétue le chant silencieux…Alors, je recueille chaque rayon…En attendant sans attendre, dans ce temps sans durée…Vous êtes si proche…

Ca fait longtemps que vous savez,... toute résistance est futile…

C’est là…juste là,…à portée d’un seul regard, d’un seul soupir, d’un seul pas, d’un seul mot…

Ca fait longtemps que vous savez…

 

Commentaires

Bonjour Aude,
ce poème s'adresse-t-il, aussi - à une personne que vous aimeriez ?
Je ne sais pas bien faire la différence chez un homme entre ambiguité et ambivalence, toutes ces notions abscondes (fiable pas fiable capable d'engagement, etc.) ; ce qui m'intéresse est seulement de savoir qu'il soit aimable...

Écrit par : Marie Gabrielle | vendredi, 17 novembre 2006

Que quelqu'un quelque part soit adorable !
Mais de cet autre alcool
faut-il aussi vouloir guérir ?

Écrit par : . | vendredi, 17 novembre 2006

eau de vie...
Aude vit
Merci, Aude...
aux deux vies

Écrit par : Marie Gabrielle | vendredi, 17 novembre 2006

Marie Gabrielle et . , l'Amour est inconditionnel et inconditionné. Dans ses conditions, qui ne serait pas aimable?
Ce poème, comme l'essentiel des textes de ces pages, est inspiré par une expérience mais s'adresse à tous les lecteurs, y compris vous...

Écrit par : Aude | vendredi, 17 novembre 2006

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