vendredi, 11 août 2006
"Quand elles ne savent plus quoi faire, elles se déshabillent, et c'est sans doute ce qu'elles ont de mieux à faire." Samuel Beckett
"Mon amie aimait aussi se montrer dénudée, mais ne m'a jamais dit, vraiment, pour quelles(s) raison(s)...
Pouvez m'aider à mieux comprendre?" fut la question posée par Chris en d'autres lieux.
Tout d'abord, cette question assume un principe, celui d'aimer se montrer denudée. C'est déjà à la base une hypothèse qui dans mon cas n'est pas exacte. Je n'aime pas "me montrer" nue, en revanche, n'ayant pas le moindre soupçon de pudeur, ça ne me dérange pas. Pour moi, la nudité en tant que telle ne déclenche pas de désir particulier et donc je sous-estime celui qu'elle peut induire chez autrui.
Le manque de pudeur n'a rien à voir avec l'acceptation de son corps. Dans ma famille, la nudité est considérée naturelle depuis plusieurs générations, j'ai toujours vu mes parents et même mes grands-parents maternels nus. Mon grand-père ne portait jamais de vêtements dans son intérieur. J'ai gardé cette tradition familiale bien qu'à cause de la sexualisation prématurée de nos enfants j'ai du y renoncer temporairement. Heureusement, la "normalisation" de nos relations me permet progressivement de renouer avec cette préférence.
Souvenirs d'enfance.
Le lycée que je fréquentais était en face de l'appartement de mes grands-parents et souvent, à la récrée, je venais avec une copine me faire offrir un chocolat chaud dont seul Papy avait le secret. Ce rituel était aussi bien réglé qu'un ballet. Je sonnais, ouvrais avec ma clé, laissais ma copine sur le pallier, allais chercher le peignoir de Papy dans l'armoir, le lui passais puis allais récupérer mon amie sur le pallier...
J'ai 11 ans, et je suis déjà formée. Nous sommes Papa, son meilleur ami et moi dans une carrière de pierres abandonnée dans l'arrière pays nimois. Papa, qui, à l'époque, n'a pas encore maîtrisé ses pulsions photographiques, me demande de me déshabiller pour me faire prendre des pauses égyptiennes le long des parois dorées. Je refuse. L'ami de Papa me dit qu'il ne regardera pas si c'est lui qui me dérange...Je lui réponds qu'il peut rester que c'est l'oeil de l'appareil qui est mon problème pas lui, et je m'exécute sans jamais regarder l'objectif en face. Les images sont sublimes, la lumière caressant un corps parfait d'adolescente avec une tendresse infinie. Plus jamais Papa ne me fera faire de photos juste pour son plaisir. Je lui servirai encore de modèle pour diverses prises de vue professionnelles (il était dans la pub) mais plus jamais pour lui. Il a immortalisé ce jour là mon essence, il est allé au bout du sujet, il n'aura plus besoin d'y revenir. L'image sur ces pages a été travaillée par lui bien des années plus tard à partir de cette séance...
Si la nudité ne m'excite pas, en revanche, j'ai besoin d'être desirée. Je crois que chacun de nous (ou presque) en a besoin. Je n'ai pas peur de dire et de montrer mon desir, j'ai besoin qu'on me le dise et qu'on me le montre aussi.
Mais les images "au départ", n'ont absolument rien avoir avec tout ça.
Tout commence avec cette piètre perception de ce corps entretenue depuis près de 30 ans (peu après cette séance de photos) par mes parents malgré l'admiration du Prince. Lorsque l'âme du Dieu Indifférent m'apelle et que nous reprenons contact, je réalise qu'il faudra bien un jour ou l'autre re-dévirtualiser, et avec 20kg de plus que lorsque nous étions amants, je n'assume pas du tout. Mais je n'agis pas pour autant, je n'insiste simplement pas pour le rencontrer lorsque l'occasion se présente...Ensuite, lors d'une conversation avec le Maître de mon Ame, ma webcam se met en route toute seule (un coup de mon surmoi comme dirait le Chevaleresque) et me voila dévoilée...Il me trouve belle, comme quoi "beauty is in the eye of the beholder" (Margaret Wolfe Hungerford) et commence à me demander des photos, que je réalise habillée. C'est un premier pas dans dans la conquète de mon image.
Plus tard, dans une relation un peu étrange nouée au gré de mes explorations blogosphèriques, j'ai maille à partir avec un blog bien écrit mais pollué de visuels "dégradants" de la femme. Le summum est quand l'auteur publie une image des fesses de son amante, charmantes mais franchement pas très appétissantes, enfin de mon point de vue. Cela déclenche en moi la curiosité de voir à quoi ressemblent les miennes, prises dans une position similaire. Toujours, les hommes m'ont dit que j'avais un beau postérieur mais je n'avais jamais eu même l'idée de me rendre compte par moi même. Le Prince, très mauvait photographe, m'assiste dans la réalisation d'un premier cliché, et là je tombe des nues (pour ne pas dire autre chose ;-)). Il ne ressemble pas du tout à ce que j'avais pu imaginer, cette taille très marquée met en évidence une rondeur à la fois tendre et indécente, il est conséquent mais pas aussi gros que je ne pensais, pas vulgaire non plus, et ferme (du moins il en a l'air). Bref, des fesses comme ça, difficile de ne pas les assumer du moins dans la catégorie L ou XL....
Cette image m'aidera à afronter le défi des dévirtualisations un peu plus tard...D'ailleurs, après la première, mon partenaire me surprend adorablement en retournant le lendemain sur les lieux de nos ébats pour les immmortaliser, prend aussi un cliché de lui et me demande de lui envoyer un portrait de moi. Entre mes fesses et mon visage, pour moi, c'est un pas de géant! Je déteste toujours autant être prise en photos et surtout je trouve mon visage vulgaire et quelconque, enfin, il m'a vue, m'a trouvé du charme, veut un souvenir, alors je retourne à mon tour sur les lieux (4 heures de route) et je m'exécute en improvisant un pied avec un parapluie et une boite vide...
Ensuite, entre en scène un autre acteur que je contacte parce que j'ai envie d'achever le fantasme de l'Orient Express et qu'un précédent partenaire potentiel s'est desisté. Très vite après cette experience de création commune, il commence à me communiquer des images de son corps et puis de fil en aiguille, nous allons un peu plus loin, et puis...Je finis par lui répondre avec la seule photo que j'ai...C'est pourtant une image plutot chaste pour une photo de fesses mais sa réaction, disons, qu'elle ne l'est pas... C'est donc pour lui que je réalise pleins des clichés de différentes parties de mon corps par morceaux plus ou moin grands puis en pieds, le plus souvent tout de même de dos.
Et puis avec ma manie de collectionner les fantasmes des hommes, je les échange contre un récit (fort allèchant cela dit en passant) et les offre ici et là pour différentes raisons de manière assez impulsive. Finalement, un site leur est dédié. Il est réservé à quelques initiés qui tous ont d'abord apprécié mon âme et donc les trouvent belles...
Elles m'ont permis de mieux accepter l'image de moi et je remercie ceux qui m'encouragent dans cette voie.
Donc, en synthèse, à la question pourquoi je me montre nue, la réponse est parce que je n'ai aucune pudeur, parce qu'on me le demande, parce que j'ai besoin d'être désirée, pour faire plaisir et parfois pour distraire, et enfin pour progresser dans la conquète de mon corps...
Commentaires
"Ce qui se conçoit bien s'énonce aisément". Cela paraît se vérifier!!
Encore un belle "note"...
Merci!
Écrit par : Chris | vendredi, 11 août 2006
Ce que cache mon langage, mon corps le dit. Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé…
[Roland Barthes]
tes mots une fois de plus me parlent... si justement
tendrement, mel
Écrit par : mel | vendredi, 11 août 2006
J'ai passé un bon moment encore une fois bravo :)
Bisous.
Écrit par : Manu | vendredi, 11 août 2006
Merci pour la question Chris, c'est une question interessante meme si je ne suis pas sure que mes motivations soient les memes que celles de votre amie...
Écrit par : Aude | vendredi, 11 août 2006
Oui tendre Soul Sister mel, j'ai appris il y a bien longtemps que 90% de la communication ne se fait pas par les mots mais bien par le ton et le langage du corps...Ainsi, entre les textes, les enregistrements et les photos, peut-etre est-ce ma maniere de chercher a mieux communiquer ;-)
Kisses, beautiful lady.
Écrit par : Aude | vendredi, 11 août 2006
Merci Manu, entre nous c'est toujours de bons moments ;-)
Baisers a toi...
Écrit par : Aude | vendredi, 11 août 2006
J'ai toujours trouvé cette chanson de Greco incongrue...
Écrit par : laparhasard | vendredi, 11 août 2006
On ne peut pas toujours se prendre trop au serieux tres chere laparhasard, d'ou le choix de la citation et de la chanson :-)
Écrit par : Aude | vendredi, 11 août 2006
C'est la quantité de fois que tu dois te mettre nue qui me fascine...
Écrit par : Marcel | vendredi, 11 août 2006
Préférant vivre nue, comme mon Papy, c'est plutôt m'habiller l'exception ;-)
Écrit par : Aude | vendredi, 11 août 2006
Je vous prends juste à la lettre Chère Aude
rien d'autre
Sourire
Écrit par : laparhasard | samedi, 12 août 2006
J'aime bien etre prise a la lettre ou de toute autre maniere, laparhard, vous le savez bien ;-) Suggerer, c'est rester ouverte a toutes les possibilites, et vous etes bien plus forte que moi dans ce domaine d'ailleurs :-))))))).
Écrit par : Aude | samedi, 12 août 2006
comme Samuel a raison...
"Finalement, un site leur est dédié. Il est réservé à quelques initiés qui tous ont d'abord apprécié mon âme et donc les trouvent belles..."
j'ai apprecié tes incursions sur mon blog et si tu me pense digne de rentrer dans ton petit cercle d'initiés, te dirais ce que j'en pense....mon mail est a toi...
Écrit par : SanAntonio | samedi, 12 août 2006
:-) Parfois SanAntonio, dans la vie, pour obtenir quelque chose, ca n'est pas plus difficile que de le demander...;-)
Écrit par : Aude | samedi, 12 août 2006
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