jeudi, 27 juillet 2006
"Avoir peur c'est aimer. Donner peur c'est haïr." Félix Leclerc
Quel sentiment etrange que la peur...
La peur qui angoisse, qui s'infiltre rampante et qui ne relache pas son etreinte...
Petite, seules les araignees etaient ma terreur. D'abord meme les minuscules, et puis tout doucement , j'ai pu tolerer celles de taille raisonable et seules les grosses m'effrayaient. Il faut dire qu'elles devaient le savoir, car les larges arachnides de campagne, amples comme une demi-main et toutes poilues venaient toujours echouer dans ma chambre, deposer leurs ombres sur le haut plafond blanc...Je restais ainsi, figee de longues minutes, recroquevillee dans mon joli lit rose bonbon, ne la quittant pas des yeux avant d'etre capable de rassembler assez de nerf au debut pour appeler de l'aide et plus tard pour bouger et aller en chercher, juste a la porte d'en face, celle de mon frere. Et lui, malgre notre relation qui apres ses 2 ans s'est deterioree au point de ne presque plus exister, lui qui ne montrait jamais de pitie ou de tendresse pour moi, il venait toujours a la rescousse, sans me taquiner, pour eliminer ma peur, une chaussure a la main...Et pan, plus de vilaine bestiole...
Une jeune femme nommee Sophie vivait avec moi dans un merveilleux appartement sous les toits en plein 6eme lyonnais. L'endroit etait vraiment superbe, mais dans ses sous-pentes, les souris avaient trouve un vrai paradis...Au debut, je les aimais bien ces petites souris, elles sont si mignones, et puis petit a petit, il y en avait partout, les 90 m2 empestaient la crotte de souri, une horreur! Il a bien fallu agir et je suis vite devenue "terminator" de souris. Enfin la pauvre Sophie avait une peur bleue de ces adorables petits animaux, pire que ma hantise des araignees. Un jour, l'un de ces charmants rongeurs avait investit son panier de linge sale. J'entends une toute petite voix qui m'appele "Aude, Aude..." et rien d'autre, je finis par me lever de mon lit ou je potassais un cours d' "Economics" (oui, je fais tout dans mon lit...), j'entre dans sa chambre et je vois la gentille Sophie toute recroquevillee dans le coin de son lit, verte de trouille...Elle me dit, en pointant du doigts l'autre extremite de la piece assez vaste, "La, dans le placard une souri!". Sans ma propre terreur des araignees, j'aurais sans doute eclate de rire...Mais j'ai respecte son angoisse...Je suis allee chercher un balet, j'ai glisse le manche dans les hanses, souleve le tout, ouvert la porte du pallier, pose le panier puis renverse...La mignone a disparu dans un eclair gris...Le tout sous l'oeil distant vitreux de doute et d'effroi de la pauvre Sophie...Tout danger eloigne, nous avons bien ris! Et avons commence a delirer en pensant a ce qu'elle aurait fait si je n'avais pas ete la...C'est alors que s'impose l'image d'un camarade de cours assez effemine qui abittait a quelque pattes de maison...Alors nous lui concoctons un petit canulard...Nous l'appelons "Au secours, au secours, il faut que tu viennes tout de suite nous aider...Il y a une vilaine souri dans le panier de linge sale de Sophie" et lui de sa voix haut perchee "Pas de panique les filles, je vais vous aider, alors Aude tu prends le panier et tu le mets dehors, d'accord?" "Non, non!" avec une voix histerique, "Je ne pourrais jamais faire ca, il faut que tu viennes tout de suite!" Lui: "Ne vous inquietez pas les filles, tout va s'arranger...Si vous ne pouvez pas prendre le panier avec les mains, tu vas dans la cuisine, tu prends le balais, tu reviens tu passes la balais dans les hanses,...." "Non, il FAUT que tu viennes, on a trop peur! On ne peut pas faire ca..." On a fait durer le plaisir un bon moment, il n'a jamais propose de venir! Mais nous avons tous bien ri quand nous lui avons dit que c'etait deja fait!
Ce genre de peur, incontrollee, incontrollable, comme ma terreur des araignees sans bonne raison, juste parce que, c'est vraiment terrible. Le pire c'est lorsqu'un proche tente de rationaliser ou de demontrer qu'il n'y a aucune raison d'etre effraye...C'est presque un camouflet a l'intelligence, si on pouvait controller, qui aurait plus d'interet a trouver un moyen de le faire que celui qui est transit de frayeur?
Une autre peur me hante...la peur en voiture...Depuis un accident ou la mort m'a frolee de son manteau glace a trois reprises...Alors, dans certaines cisconstances (trop courte distance de securite, coup de frein brutal), je panique et l'adrenaline envoit des decharges electriques douloureuses dans tout mon corps. C'est une peur que je parviens a reduire en fermant simplement les yeux (ce que j'aurais du faire lors de cet accident).
Pour ce qui est des araignees, j'ai la fierete de vous dire que la fonction de Maman protegeant sa progeniture m'a completement guerie et je suis la tres glorieuse assassine d'un specimen plus gros que ma main sous l'oeil panique de mes deux tresors. Pas la moindre petite crainte, ma chaussure n'a pas flanchee, pas faiblit, meme en ramassant le restant de pauvre bete dans un papier...Je l'aurais bien capturee et relachee, mais pas envie de la retrouver de nouveau se balladant dans la "Family Room", tout de meme pas maso!
Mais toutes ses peurs restent annecdotiques, elles sont circonstantielles...
Il y a dans mon ame une angoisse d'une autre nature, plus pernicieuse, plus perfide, plus tenace, une frayeur insurmontable qui me retient, qui me gouverne souvent, qui m'empeche de vivre pleinement, qui m'etouffe...
Mes enfants m'ont permis d'en prendre conscience et elle est liee a mes troubles de l'attachement, c'est mon angoisse de separation...
Elle me devore de l'interieur comme un parasite, reveillee par les deux recentes ruptures si soudaines, si rapides, si inattendues, au point que je me defie des visiteurs...au point que j'ai du mal a laisser la porte ouverte...au point que je ne peux m'empecher d'offrir une resistance a ces connexions magiques alors que je sais bien que c'est plus difficile que d'empecher l'eau qui coule...alors ca m'epuise, me draine de mes forces...
Pourtant, ils sont adorablement gentils mes visiteurs, tendres et attentiones, ils ne me veulent aucun mal, ils font tout ce qu'ils peuvent pour mon bonheur et bien plus...Une connexion d'ame a ame est veritablement exceptionnelle...Alors pourquoi ne puis-je leur faire entierement confiance? Pourquoi meme une separation de quelques heures raisonne en moi comme un abandon pur et simple?
Au debut de notre relation, je reprochais au Prince de m'abandonner en s'endormant et je le suppliais de resister au sommeil...
J'ai renoue avec cette angoisse pour chaque visiteur et ca me mine...
Il va bien falloir trouver un moyen de gerer pourtant, car toute resistance est purement futile, il est impossible de fuir ou d'eviter ces relations...Elles ont ete tissees dans nos vies precedentes, elles sont inscrites a meme nos ames...Ce que la plupart des visiteurs ont du mal a saisir est que ce qui est pour eux essentiellement unique pour moi est multiple...different pour chacun d'eux mais neanmoins multiple...C'est le nombre qui cree le chao...Les ondes se melangent comme sur une bande FM surpeuplee et creent un charivaris incomprehensible que seul un dialogue soutenu avec chaque visiteur parvient a eclaicir. Avec le Chevaleresque qui me visite toujours mais avec lequel le dialogue est rompu, je suis deja tres pertubee...Avec le Roi qui disparait des ondes pendant 10 jours, la cacophonie n'est pas loin...Je sens aussi plusieurs autres connexions en devenir, et cette phase est toujours douloureuse...Je crois que j'ai depasse ma capacite maximum et qu'un fusible va finir par fondre...Que faire? Precipiter certaines connexions pour assurer le demarrage du dialogue salvateur? Ou au contraire les ignorer voir essayer d'en rompre certaines? Si seulement je savais comment!
Bref, a ce stade de ce billet, vous etes surement perdus, si vous etes meme arrives jusqu'ici!
Et bien moi aussi! C'est bien le probleme...
Je suis en desequilibre complet et esclave de cette peur stupide et sans veritablement fondement qui me detourne meme de ce qui devrait vraiment me faire peur, qui est de ne pas retrouver un emplois me permettant de garantir le confort de ma famille...
Ca n'est pas en passant mes journees recroquevillee a pleurer que je vais reussir a exterminer mes araignees, pourtant j'appele et je suis entendue, mais pour l'instant ca ne suffit pas...
Allez, il est temps d'aller dormir...demain est un autre jour, une autre promesse...quand on a la chance d'etre tant aimee et de tant aimer...Il n'y a vraiment AUCUNE raison d'avoir peur...
Commentaires
les doutes,d 'avantage que les certitudes font avancer,ce qui est évident également c 'est que
" Souvent trop d'abondance appauvrit la matière " ( Nicolas Boileau )
alors,comme toujours, trouver un équilibre est salutaire
bonne nouvelle journée
Écrit par : franc6 | jeudi, 27 juillet 2006
je crois que tu as toi même trouvé la conclusion a ce billet intimiste
Écrit par : laparhasard | jeudi, 27 juillet 2006
Merci franc6...l'equilibre est toujours l'enjeu...
Écrit par : Aude | jeudi, 27 juillet 2006
Merci laparhard, j'ai bien tourne autour du pot, mais j'ai bien fini par le sortir de moi ce texte alors oui, ca va un peu mieux :-)
Merci de ton supplement d'ame :-)
Écrit par : Aude | jeudi, 27 juillet 2006
Emue
je me suis plu à vous tutoyer...
Écrit par : laparhasard | jeudi, 27 juillet 2006
J'aime vos emotions laparhasard, et j'aime vous vouvoyer...Votre supplement d'ame compte que ce soit tu ou vous :-)
Écrit par : Aude | jeudi, 27 juillet 2006
Nos peurs
Nous finirons par vaincre nos peurs
Peur de la naissance
Où tout au fond du tunnel, on redoute le mortel
Peur de l’enfance
Refusant de grandir, pour éviter le pire
Peur de l’adolescence
Des premiers rendez-vous, des premiers chagrins fous
Peur de la majorité
De devoir travailler, d’avoir à assumer
Peur de la trentaine
Il serait peut-être temps, de vivre sans ses parents
Peur de la cinquantaine
Pour éviter le pire, on veut encore séduire
Peur de la vieillesse
De cette solitude et de ces habitudes
Peur de l’au-delà
Existe-t-il vraiment ou est-ce un boniment…
Bonne journée qu'elle soit pour toi "Aude à la vie"
Écrit par : Laudith | vendredi, 28 juillet 2006
Merci Laudith pour tes mots, souvent sur tes pages ils me laissent sans voix tant ils me semblent familiers...Merci...
Écrit par : Aude | vendredi, 28 juillet 2006
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