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mardi, 06 juin 2006

"... le sexe n'est pas l'amour, ce n'est qu'un territoire que l'amour s'approprie ... " Kundera

Vertige des amours blogosphèriques.
Venue à la Blogosphère pour compenser. Compenser ce que je croyais être l'amour de ma vie, la vie que j'aurai pu avoir mais que je n'avais pas eu, peut être les enfants que j'aurai du porter mais qui n'ont pas vu le jour.
Écrire pour séduire le Dieu Indifférent...Pour lui démontrer que nous, c'était aussi son salut, c'était aussi la vie qu'il aurait pu avoir, une vie torride, excitante et passionnée, comme lorsque nous étions amants, corps à corps, esprit à esprit, humour à humour, amour à amour.
Mais après quelques semaines, il était déjà lassé, il ne lisait pas...ne répondait pas...n'entrait plus dans le jeu...et pourtant ne me laissait pas non plus me détacher de lui.
Alors, par défi, c'est fou ce que les défis ont influencé ma vie, rendre le jeu public...
Une tentative infructueuse chez Google,  trop peu de lecteurs, pas de commentateurs. Publier pour être lue et ne pas être lue c'est frustrant...
Deuxième essai chez Blogspirit juste avant de partir en vacances...Là, c'est plus probant, rapidement quelques dizaines de lecteurs et des commentateurs qui s'identifient à ma connexion étrange avec l'âme du Dieu Indifférent. A tâtons, apprivoiser l'outil et au gré des gentils commentateurs, parvenir à en faire ce que l'on veut: un véritable moyen d'expression, une palette artistique. Et très vite, certains lecteurs se prennent au jeu, moi aussi, je me love dans les bulles des autres. Mon amour déséquilibré, éperdu, perdu pour le Dieu Indifférent inspire, et puis ce mélange explosif de sérénité et d'intensité sexuelles attire.
La Blogosphère met en présence des âmes compatibles en supprimant la dimension géographique des rencontres. Sous le couvert de l'anonymat, elle présente aussi une face cachée des hommes. Ces mâles, machos, jaloux, possessifs, dominateurs en apparence, osent se montrer tels qu'ils sont vraiment tendres, attentifs, romantiques, fragiles, avec leurs souffrances, leurs espérances, ils sont émouvants.
Pourtant, le premier coup de foudre blogosphèrique est un échec annoncé, avant même de commencer. Un feu de paille. Trop de différences. Mais, c'est tout de même très fort, 33 jours habités l'un par l'autre, la 8ème Marche. Pour la première fois, se détacher de soi, du matériel, du charnel, du physique, découvrir une nouvelle dimension spirituelle de l'amour. Depuis, je l'explore. Moins manger, apprécier le goût de l'eau fraîche, moins d'intérêt pour les possessions matérielles, envie de créer, de créer comme on fait l'amour, à la recherche du plaisir de l'autre. Il n'y a que le sexe dont je ne me suis pas détachée, au contraire, le sexe est devenu l'ultime fusion des âmes.
Cette femme qui dormait en moi et qui sort de sa chrysalide dans cet univers virtuel est plus séduisante.
Et la séduction est réciproque. Le charme opère. Quelques idylles fleurissent au gré du butinage blogosphèrique, avec cette impression de trouver une aiguille dans une botte de foin, cette sensation que ça n'est pas possible d'établir une connexion si intime, si vite, que c'est improbable et complètement fou, ça donne le vertige. Il faut juste ne rien en attendre si on ne veut pas perdre pieds. Et je n'en attends rien, donc chaque amour est une surprise et une découverte, vécu au jour le jour, sans contrainte et sans limite. Etre aimée et aimer.
Peut être l'amour blogosphèrique est-il le nouvel amour courtois, un amour de troubadours et de belles dames où l'on prend le temps de se faire la cour, de chanter la musique de son âme, de mettre des mots sur des émotions précieuses, de s'apprivoiser, sans influence de l'apparence, juste par le frémissement des âmes.
Belle du Seigneur. Solal travesti en vieux juif édenté se présente à Ariane. Il ne veut pas être aimé parce qu'il est beau, il veut être aimé pour son âme. Mais ça ne marche pas...Elle ne voit pas la beauté de l'âme et la pureté de l'amour sous l'apparence révulsive.
Quelque part, la Blogosphère, elle, accomplit le prodige de connecter les êtres par leurs âmes plutôt que par leurs phéromones . Dans notre monde d'image, en se privant de ce stimuli tant galvaudé, nous pouvons être nous sans tricher, sans faire semblant, sans mentir, ni à soi, ni à l'autre.
Quand enfin, on matérialise cette spiritualité, alors c'est magnifique, au delà du rêve. Traverser le miroir est une expérience incroyable. Peut être parce qu'on connaît les profondeurs de l'âme de l'autre, ses souffrances, ses rêves, ses goûts. Peut etre parce qu'on partage ce même besoin d'échapper à un quotidien au mieux sans relief et neutre, et au pire déplaisant et cruel.
Parce que les âmes ont  fusionné longtemps avant les corps, jamais la perfection ne m'a semblée plus accessible...Jamais je n'avais pu être plus moi-même en faisant l'amour, jamais je n'avais pu faire tout ce que l'inspiration du moment me suggérait dès la première fois avec tant de liberté, avec tant engouement et de joie pure, avec si peu de besoin d'ajustement à l'autre, avec une telle qualité émotionnelle, intense comme un premier amour, avec un abandon mutuel si tendre et si respectueux. 
Enivrant, sublime, serait-ce la 9ème Marche?

Commentaires

Chère Aude, pour une fois je remercie mes insomnies car j'ai un immense plaisir à déposer un premier commentaire sur ce billet particulièrement touchant ... absolument sublime .. bises ...Karl

Écrit par : apurpledream | lundi, 05 juin 2006

Il faudra bien que je me décide à le lire ce Kundera :-)

J'ai encore du mal à conceptualiser ces connexions, ces visites, pourtant je vous lis avec assiduité.
Mais je veux bien croire que de connaître le fond de l'âme de quelqu'un fait plus sûrement tomber les barrières des a priori, c'est un let motiv ici, on ne voit bien qu'avec le coeur.
Pourtant, il doit bien en rester, des a priori, peut-être positifs, à partir du moment où il y a connivence, où une relation pré-existe, il doit être plus difficile de s'en extraire lors de la matérialisation.
De plus, lors d'une rencontre discrète, puisque c'est de cela qu'il s'agit, on n'aura pas à maintenir une image sociale de soi dans un environnement qui n'est pas le notre. La pression sociale disparue, il est plus aisé d'être ouvert à celui ou celle qui se présentera; un exemple extrême, une personne qui évolue dans un milieu raciste sans l'être vraiment qui viendrait à dévirtualiser une personne d'une couleur différente. Surprise!
Mais je suppose que vos rencontre n'étaient pas aussi délicates.
9eme marche ? Vous seule vous y retrouvez dans cet escalier !
A coup sûr le moyen le plus efficace pour connaître des personnes auxquelles on a pas accès dans son milieu naturel, la blogosphère où toutes les croisées de chemins sont possibles... mais combien de rencontres qui auraient été magnifiques, peut-être, ne ferons nous pas, combien de rendez-vous manqués ?

I'm standing at the crossroads
There are many roads to take
But I stand here so silently
For fear of a mistake
One road leads to paradise
One road leads to pain
One road leads to freedom
But they all look the same
C.Russel

Vivons, tout simplement.

Écrit par : Jimmy | lundi, 05 juin 2006

Merci apurpledream, ce texte avait envie de sortir...surtout par rapport a d'autres experiences que j'ai pu lire ici et la :-)

Écrit par : Aude | lundi, 05 juin 2006

Vos doutes sont comprehensibles Jimmy...meme en le vivant je doute toujours! Et vous avez sans doute raison, les circonstances inhabituelles sont pour beaucoup dans la magie de l'instant. Mais est-ce si important? Le plus important n'est-il pas de vivre pleinement cette magie? Peu importe sa veritable source...Je fonce resolument et je m'en remets a mon intuition et a ma bonne etoile pour ne pas me tromper de route, la peur ne saurait m'empecher d'avancer...

Écrit par : Aude | mardi, 06 juin 2006

Sage résolution... ou folle!

Écrit par : Jimmy | mardi, 06 juin 2006

Folle sans aucun doute, Jimmy, mais le risque n'est-il pas le sel de la vie?

Écrit par : Aude | mardi, 06 juin 2006

Magie en effet sur la blogosphère : plus facilement que dans la vie, les limites qu'on donne à sa propre expression sont reculées très loin. Elles s'évanouissent. On pourrait presque perdre pieds avec la réalité. Terrien comme je suis, je ne m'évanouis pas longtemps. Amour courtois, c'est juste surtout si l'on pense que l'époque où s'exprimait ces pulsions de vies était une époque d'une effroyable violence. Sans doute un signe que notre temps devient de plus en plus violent. Et nous allons sans doute cultiver les mêmes apparents paradoxes, continuer de guerroyer dans le monde et livrer des échos du fond des âmes. Comme Guillaume le Troubadour, qui n'était pas un "frêle poète" mais un Guillaume IX d'Aquitaine, grand seigneur et guerrier, amateur de femmes et de vie de cour autant qu'inventeur de "chansons romanes".

Écrit par : Alain | mardi, 06 juin 2006

Merci Alain, ce qui m'intrigue est que cette societe nous bride tant qu'on ne puisse se sentir assez en confiance pour etablir ce genre de relations dans le reel, qu'on puisse avoir a ce point besoin de s'evader, mais surtout que ces reves puissent se realiser...

Écrit par : Aude | mardi, 06 juin 2006

Je viens de lire ton post et plusieurs autres de ton blog, et je me suis régalée... J'aime ton recul, ton analyse sur tes reflexions, je les trouve pleines de bon sens.
A trés vite

Elle

Écrit par : Elle | mardi, 06 juin 2006

Merci Elle et bienvenue, ca a l'air bien chez toi aussi, meme avec les images ;-)

Écrit par : Aude | mardi, 06 juin 2006

Ainsi, j'imagine l'après-vie:"les esprits envolés de cette terre s'assemblant aux Champs Elysées, selon leur goûts et leurs affinités."

Écrit par : marcel | mardi, 06 juin 2006

Oui Marcel, ca semble genial comme apres-vie, mais pourquoi attendre? Je suis trop gourmande! Vouloir tout, tout de suite, qui sait si nous pourrons encore en jouir demain? Carpe Diem :-)

Écrit par : Aude | mardi, 06 juin 2006

Quel plaisir de te lire .. il me reste beaucoup d'articles à découvrir !

Aimer et être aimé ,c'est une phrase que j'écris souvent ...

Écrit par : Manu | mardi, 06 juin 2006

Merci Manu, l'appreciation est reciproque :-) Je ne sais pas ce que je prefere entre etre aimee et aimer. Longtemps je me suis contentee d'aimer, je ne savais pas que j'etais aimable. J'ai toujours pense que le Dieu Indifferent aimait mon amour pour lui mais pas moi. Aujourd'hui, je crois etre aimee pour mon essence et ca me donne encore plus envie d'aimer :-) Pffffff....C'est trop bon l'amour :-)

Écrit par : Aude | mardi, 06 juin 2006

Il est tard
je vous lirai demain...
Juste vous saluer

Écrit par : laparhasard | mardi, 06 juin 2006

Bonne nuit laparhasard, faites de beaux reves :-)

Écrit par : Aude | mardi, 06 juin 2006

@ la belle aude
comme un infini bouton de fleur.... chaque jour vous etes avec ses quelques larmes de rosee encore plus belle que la veille.....
Bonne nuit mon ode a la vie
tendrement
Soul Sister Mel

Écrit par : mel | mardi, 06 juin 2006

Merci tendre Mel, vous me manquiez...

Écrit par : Aude | mardi, 06 juin 2006

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