mardi, 28 novembre 2006
Strip Tease
Le cœur emmitouflé sous des couches et des couches de voiles protecteurs plus fragiles que le cristal, un beau jour, tel la rose, réalise que ses épines sont impuissantes contre les tigres et que les tigres sont purement imaginaires d’ailleurs. Il a du croiser un certain petit prince qui n’abandonne jamais une question une fois qu’elle est posée...
La première mue est un peu brutale, tant de pudeur à transgresser, tant de reflexes conditionnés à vaincre, et puis cette peur de découvrir sa vraie nature, comme si elle était innommable, irregardable, insoutenable, et puis les quolibets des gens du cirque, comme si leur signification dépassait le sens intrinsèque du spectacle.
C’est une première fois, semblable à toutes les première fois.
Certains ne s’en remettent jamais.
Le cœur pourtant entend la voix d’outre-tombe qui l’encourage et le harangue vertement, se pique au jeu et le feuilleté tout doucement se défeuillette.
Qui aurait pu se douter du nombre d’épaisseurs ?
Alors que les colifichets détachés, volent dans le public ébahi, quelques uns croient les reconnaître pour leurs et voudraient bien les récupérer, comme s’ils n’en avaient point assez à arracher d’eux-mêmes.
Et le cœur, euphorisé par la nudité, poursuit son entreprise de dégigognage, avec l’assiduité de la délectation. Quand on croit qu’il n’y en a plus, il y en a encore, pour les fous et pour les sages, pour les princes et pour les manants, pour la haine et pour l’Amour.
Les couches de plus en plus intimes et transparentes deviennent presqu’indétectables. Les prunelles brulent d’une traque impitoyable. Le départ d’incendie a tôt fait de s’étendre, poussé dans les moindres recoins par le souffle péridot.
Le cœur est à vif. Il palpite de toute sa sève en surfant la vague du néant. La vitesse inouïe déchiquette encore des voiles. Une pichenette pourrait le faire sombrer. Il le sait mais l’intensité de la non-sensation est telle qu’elle détruit les derniers freins, les dernières pseudo mesures de sauvegardes.
La vague est gigantesque, lui résister dangereuse chimère, alors autant se laisser porter.
Jubilation de l’effeuillage.
Advienne que pourra.
00:05 Publié dans Cartes postales de l'Extase | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : extase, béatitude, amour, songe, espérance, solitude
Commentaires
mon coeur ouvert au quatre vent laisse la brise le cicatriser. la bléssure devient moindre et une bribe d'amour pointe.
Écrit par : le rat vit | mardi, 28 novembre 2006
Regarde comme ta noirceur brille, le rat vit.
http://gmc.blogspirit.com/archive/2006/11/27/sans-echange.html
Écrit par : Aude | mardi, 28 novembre 2006
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