vendredi, 22 février 2013
Tentatives d'exorcisme
Ils viennent le plus souvent par petits groupes de deux ou trois tout serrés autour de l'indigence si caractéristique de l'essoufflement que les sourires d'accueil ne dérident pas. Je me souviens avoir été d'un de ces noyaux cahotants pour affronter un autre intolérable. Pourtant cette nouvelle traversée, la mienne cette fois, je l'entreprends en solitaire et à plein tube, mes pauvres valeurs et quelques mélodies pour compagnes. Quel soulagement y aurait-il à partager cette mauvaise blague? C'est donc seule et marquée de petites croix noires que je ressors de cette virée en territoire désinfecté, pas vraiment exorcisée mais droite, pas vraiment déshumanisée mais tout de même réduite à écrire comme elles...
21:37 Publié dans Deuils, intégrale volume 6 | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 20 février 2013
Stratosphériques polaires rieurs
Rire de les regarder s'écrire, comme si écrire vivait la vie plus fort, comme si sous l’effort verbal, l'image mentale prenait corps, comme si le naturel se forgeait sous le heurtoir des mots, comme si l’auto –persuasion littéraire matérialisait le rêve, le fantasme, l’auto-érotisme poétique remplaçait la jouissance réciproque d’un seul jet au fond de la gorge…
Quand la vie vole en indicible et que le brouillard des projections se nacre aux confins de l’atmosphère propre à l’inconditionnel, rire de s'écrire.
10:29 Publié dans Amour, Deuils, intégrale volume 6, Nuages | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 17 février 2013
Noctiluques noctambules
Aux heures froncées de la nuit
Comme un obsédant refrain
Vous vous éloignez dans le sommeil couchant
Offert aux incursions insensées
De rêves ravageurs
Et accompagné de la femme seule qui
Sans les peupler
Vous fredonne inlassablement
La ballade immuable des sens
Sur un air de rien
Et alors que vous sombrez
Confondu de confiance
Les orages revêtent
La soie des pétales
Le sourire de mystérieuses connivences
Poudrant d'or
L’horizon qui blêmit déjà
Sous le joug intime
De la nouvelle aube
00:30 Publié dans intégrale volume 6, Nuages | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 12 février 2013
Cumul'eau
Le vide s'accumule au fur et à morsures, s'infiltrant dans chaque interstice où la lumière s'immisçait parfois les nuits de plein soleil. Il châtre les braises devant lui, laissant le gel bleuir le lac, et les alvéoles cernées. Étrangement, une cicatrice ose palpiter encore, rebelle à ce corps esclave des poings de passage, des phalanges orphelines, des cœurs défunts en instance de défibrillation. Les nécessités terrestres cèdent sous le poids de la paix incongrue du deuil consumé.
20:55 Publié dans Deuils, intégrale volume 6, Nuages | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 10 février 2013
Nimbus
Je marche dans les vents de glace, toute nimbée de la solitude implacable de ceux qui aiment. J'arpente cette généalogie de l'impossible comme le chemin de ronde de nos remparts. Place du cercle, de l'entourage, du visage enfoui dans la nuque, du feu égaré au creux de la cambrure illégitime. Abstraction de ceux, tous ceux, qui ne sont pas aimés. Situation de leur souffle trop anémique pour inspirer. Lieu de leur effacement, les yeux baissés, délavés d'éblouissement. Je suis pétrifiée, parée de guirlandes d'incertitude comme autant d'étoiles au fond du regard, captive du rythme élancé de vos envolées, figée.
02:45 Publié dans Deuils, intégrale volume 6, Nuages | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 09 février 2013
Élément zéro
A bout d'apnée, je capitule le lest qui permettait de sonder la profondeur. En ombre fidèle, je reflue vers la surface ordinaire où mon cœur sèche dans les larmes et les plaies suintent à l'abandon. A langueur de temps, la terre me déserte, l'air m'asphyxie, le feu me fuit et je ne parviens même plus à faire l'eau tant le dernier élément me raréfie. L'absence de soi disperse enfin la poussière inerte du premier élément.
17:32 Publié dans Deuils, intégrale volume 6 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 01 février 2013
Échaos
Je tremble. Tout en moi tremble, comme détaché de ses fondations, et s'amplifie dans la caisse de résonance de mon vide. Des flots de tremblements se déversent, délicatement irradiés par cette aura omniprésente qui, d'un papillon de cil ou d'une inflexion, sature jusqu'aux sanglots. Et je tremble subjuguée, incrédule, réduite, magnifiée, rayonnante, éteinte, tremblement de tremblement, jusqu'à presque rompre, je suis vibration, tremblement. Je tremble.
17:01 Publié dans Amour, Deuils, intégrale volume 6 | Lien permanent | Commentaires (0)